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La vidéo qui marche


Jeudi 30 Octobre 2014





Pendant dix heures, une jeune femme s’est promenée dans les rues de New York, filmée par un acolyte portant une caméra cachée. Au final, des centaines de réflexions d'hommes plus ou moins appuyées. Un petit condensé de ce qu’on appelle le harcèlement de rue.


La vidéo qui marche
Elle court, elle court la vidéo. Elle a déjà été visionnée des milliers de fois. Elle marche, elle marche. Elle ? Elle s’appelle Soshana. En août dernier, elle s’est livrée à une expérience pour le moins convaincante. Elle en avait assez de se faire interpeller dans la rue par les hommes qu'elle croisait. Son petit ami aussi. Vêtue d’un tee-shirt et d’un jean noirs, elle s’est alors promenée pendant dix heures dans les rues de New York, suivie et filmée en caméra cachée par son complice.
 
Résultat, il faut le voir pour le croire. Pendant tout son périple, elle se fait maintes fois apostropher. Des remarques allant du simple, « Que Dieu te bénisse » à « Comment ça va aujourd’hui ? » , jusqu’à des allusions plus agressives comme : « Quelqu’un te complimente pour ta beauté, tu pourrais dire merci ! ». Sans parler de l’homme qui marche à ses côtés sans rien dire quatre, puis cinq minutes. C’est long cinq minutes dans un tel contexte.

Si la vidéo a été montée et condensée, elle n’en demeure pas moins consternante. Le film est la preuve vivante qu’une femme dans une mégapole comme New York, qui se promène dans une tenue lambda, de jour, en sillonnant plusieurs quartiers, se fait constamment héler. « Je suis harcelée quand je souris et je suis harcelée quand je ne souris pas. Je suis harcelée par les hommes blancs, les noirs et les Latinos. Il ne se passe pas un jour sans une telle expérience. », explique Soshana. En effet, en la regardant se promener dans les rues de New York, ses déambulations sont ponctuées d’interjections, de réflexions, de commentaires qui reviennent presque à chaque pas comme un mantra.

À l’origine de cette expérience, il y a le mouvement Hollaback. Ce dernier milite pour arrêter le harcèlement de rue. Pour se faire, il a choisi ce slogan : « You have the power to end street harassment. » L’expérience de Sohana n’est pas la première du genre. Il y a deux ans, une étudiante belge avait elle aussi filmé en caméra cachée, les réflexions lancées à son passage par des hommes dans la rue. À l’époque, sa vidéo avait suscité une levée de boucliers sur les réseaux sociaux. Le hashtag #harcelementderue avait même été créé.

Car le phénomène a la peau dure. D'ailleurs, c’est faux de penser que New York est le seul lieu visé. Hollaback a 79 sites établis dans 26 pays, du Canada à l’Inde. La plateforme démontre que de Nairobi à San Francisco, le phénomène est universel. Le harcèlement de rue, ce n’est pas du cinéma. God Bless you.

La vidéo qui marche




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