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Titres-restaurant : vers un retour de l’usage exclusif au restaurant ?


Paolo Garoscio
Vendredi 20 Septembre 2024





Depuis août 2022, les règles autour des titres-restaurant ont évolué, permettant leur utilisation dans les grandes surfaces pour acheter des produits non immédiatement consommables comme les pâtes, le riz ou les conserves. Ce dispositif a été prolongé jusqu’à la fin 2024 pour répondre aux tensions économiques liées à l’inflation. Mais cette extension fait grincer des dents du côté des restaurateurs, qui réclament un retour à l’usage d’origine des titres-restaurant dès 2025.


Titres-restaurant : une demande claire des restaurateurs

Le Syndicat National de l'Alimentation et de la Restauration Rapide (SNARR) est monté au créneau pour exiger un "recentrage" de l’utilisation des titres-restaurant. Leur argument principal : les titres-restaurant, créés pour faciliter l’accès des salariés à des repas consommables immédiatement dans les restaurants ou commerces de proximité, se transforment de plus en plus en un moyen d’achat généralisé. Selon les restaurateurs, cette déviation de leur usage initial nuit gravement à leur secteur déjà fragilisé par les crises successives.

En effet, les grandes et moyennes surfaces ont capté une part importante des transactions liées aux titres-restaurant. Ce transfert représente près de 30% du marché, soit environ 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires qui échappe aux restaurants, bouchers, traiteurs et autres commerces de proximité. Pour les restaurateurs, l’équilibre du système est rompu.

Les titres-restaurant pour les courses sont une aubaine

Les consommateurs, quant à eux, voient dans cette flexibilité d’utilisation un soutien précieux face à la hausse du coût de la vie. Pouvoir acheter des produits alimentaires essentiels en grande surface grâce aux titres-restaurant a permis à de nombreuses familles d’alléger leur budget alimentaire. Avec un plafond journalier fixé à 25 euros, les titres-restaurant offrent une marge de manœuvre importante pour les ménages.

Si les revendications des restaurateurs sont acceptées, les salariés se verront privés de cette possibilité, devant se limiter à l’achat de repas consommables sur le champ, que ce soit dans un restaurant ou dans un commerce proposant des plats à emporter. Pour les familles nombreuses ou les travailleurs précaires, cela risque de restreindre l’accès à des produits essentiels, notamment dans un contexte où les prix alimentaires demeurent élevés. Ceux qui utilisaient ces titres pour compléter leurs courses alimentaires en grande surface devront désormais se tourner vers des restaurants ou traiteurs, souvent plus coûteux pour un repas.