Qui sont les consommateurs de livres en 2014 ?

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Qui sont les consommateurs de livres en 2014 ?
Qui sont les consommateurs de livres en 2014 ? | Speedy life

Librairies, bibliothèques, Internet, l’accès au livre s’est considérablement diversifié et le lecteur a désormais plusieurs possibilités pour assouvir sa passion de la lecture. Mais qui est-il au juste et comment consomme-t-il dans ce domaine ?

Recherche lecteurs désespérément ?

A l’occasion du dernier Salon du livre de Paris, l’écrivain et critique littéraire Gérard de Cortanze s’alarmait dans Le Figaro à propos d’une étude publiée dans Livres Hebdo : « Aujourd’hui un Français sur deux n’entre jamais dans une librairie. Il est illusoire de penser que ces Français qui ne lisent pas vont découvrir la lecture grâce au livre numérique. La lutte livre papier/livre numérique est une problématique obsolète. La seule vraie question, posée par cette enquête, est plus grave. Il n’y a plus de temps à perdre, c’est la lecture qui est menacée. Faute de lecteurs ».
 
Un constat abrupt qu’il faut tempérer en observant l’engouement des jeunes lecteurs pour des livres de plus de 700 pages comme ceux de J-K Rowlings avec sa saga Harry Potter traduite dans près de 70 langues et vendue à plus de 450 millions d’exemplaires, ou le succès en 2013 des livres de Guillaume Musso, 1,4 millions d’exemplaires vendus, ou encore de Pierre Lemaître avec 500 000 exemplaires vendus de son prix Goncourt.
 
S’il est vrai que les libraires connaissent une période difficile face à la concurrence de sites marchands comme Amazon et doivent affronter la progression des ventes de tablettes tactiles qui changent le rapport à la lecture, leurs établissements n’en continuent pas moins d’être fréquentés par des amateurs éclairés. Beaucoup de librairies s’adaptent à cette nouvelle donne en animant leur lieu de vente, en multipliant les signatures d’auteurs et en créant leurs propres sites Web.
 
D’après le Syndicat de la Librairie Française, en France, plus de 200 librairies indépendantes ont déjà une offre numérique dans leur catalogue. Malgré les difficultés, les libraires restent le maillon essentiel d’une chaîne qui va de l’auteur à l’acheteur en passant par l’éditeur.  Des manifestations dédiées au livre comme le Salon du livre de Paris avec 198 000 visiteurs en quatre jours, ou le Festival International Quais du Polar à Lyon qui dénombre 65 000 entrées en deux jours, démontrent elles aussi que le public existe bel et bien et qu’il a toujours plaisir à rencontrer les auteurs tels Camilla Läckberg ou James Ellroy.

L’édition innove

Du côté des éditeurs, l’adaptation est également inéluctable. Des livres pour enfants aux romans, en passant par les beaux livres ou les manuels scolaires, l’édition a toujours proposé un large éventail de produits éditoriaux. Le changement, aujourd’hui, c’est qu’ils sont diffusés sous deux formats : papier et numérique.
 
Les nouveaux titres publiés sont maintenant quasi-systématiquement proposés en version numérique, notamment les best-sellers, mais le numérique permet aussi aux éditeurs de mettre en valeur leur fonds éditorial et d’élargir leur offre. Ainsi Hachette a été le premier à annoncer en mai 2012 que 2 000 titres en version poche de son catalogue seraient au même prix dans leur version numérique. Une façon d’investir un nouveau marché mais aussi, comme le soulignait son dirigeant Arnaud Nourry, de dire aux auteurs « que publier sous forme numérique, c’est toujours et encore publier, et que c’est notre métier. »
 
Au mois de mars 2014, Le Parisien constatait, à quelques jours du Salon du livre de Paris, que « l’un des enjeux actuels de l’édition est de s’adapter aux nouveaux modes de consommation. Si la lecture reste une activité importante, elle tend à s’effriter et les lecteurs français sont pour moitié des petits acheteurs (leur part dans les ventes est passée de 44% en 2011 à 47% en 2013). Le défi est de réussir à les séduire, tout en conservant une base solide de gros lecteurs ». Un constat que vient corroborer une étude d’eMarketer menée en 2012 aux Etats-Unis et qui établit que les lecteurs de livres électroniques sont des consommateurs qui achètent au final davantage de livres que les lecteurs qui consomment des livres papier.
 
Autre bonne raison d’espérer que le secteur de l’édition continue de se maintenir, il représente, avec un chiffre d’affaires de 3,9 milliards d’euros, plus de la moitié de la valeur des biens culturels, selon une étude de l’institut GfK. 

Renouveler et augmenter le lectorat

Livre imprimé ou livre dématérialisé, l’enjeu pour les éditeurs est aujourd’hui de capter de nouveaux lecteurs et de nouvelles générations en utilisant les outils qui leur sont les plus familiers. C’est le cas de Lecture Academy, un club de lecture sur internet animé par Hachette et dont l’objectif est d’inciter les jeunes à la lecture. Actualités des livres, fiches sur les auteurs, forums de lecteurs, concours et newsletters mettent en avant une approche participative de la lecture.
 
Dans une tribune publiée sur le site ActuaLitté, l’écrivain et éditeur Neil Jomunsi s’interroge : « Le livre est-il un bien de consommation comme les autres  ? » et tente un parallèle entre « l’industrie du livre »  qui « engendre, pour survivre, une surproduction de titres de qualité inégale », et ceux qui défendent le « caractère sacré » du livre. Le point commun de ces deux approches reste cependant que le lecteur est – et restera – avant tout un « consommateur » de contenu et de créativité. Loin du débat, actuel, sur l’objet, qu’il soit papier ou numérique. 

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