Tendances

Aujourd’hui, le gothique sera sportif, ou ne sera pas


Béatrix Foisil-Penther
Mardi 10 Juin 2014




Les modes passent et les gothiques restent. De plus en plus, ils troquent leurs fripes pour du sportswear, dark, évidemment.


Si la mode, c’est faire du neuf avec du vieux, si certains branchés aujourd’hui trouvent bien de passer s’habiller chez Decathlon, les gothiques aussi, traînent dans les rayons de Go Sport. Ils se rhabillent en mixant des touches geeks, impossible de laisser tomber les réseaux sociaux, réinterprètent une certaine culture subversive à grands coups de codes empruntés au domaine du sport.
 
Le gothique aujourd’hui, sera sportif ou ne sera pas. Mais attention, ne nous trompons pas : on ne lui demande pas de courir le semi-marathon, ni une course de demi-fond bien inspirée. Le sport, ce sont ses fringues. Même si au passage, certains gothiques se sont rebaptisés Health Goth, soit, le gothique sportif, en bonne santé même, ce qui déjà, fait un peu tache. Mais on n’est pas à un paradoxe près, et on ne dit pas non plus que le goth sportif sort dans la journée…
 
Pourtant, il a adopté maillots, jogging, baskets, matières ajourées, performantes issues du sport et le lycra bien sûr. À y regarder de plus près, il n’a pas vraiment l’air d’être euphorique après avoir courru 20 kilomètres, ni de secréter des endorphines… Il a toujours cette tête, disons, sombre, et n’a pas l’air de rigoler. Alors, quid du gothique sportif ?
 
Certes, on parle de niche, de micro phénomène, pas une invasion - ouf - Pour autant, une page Facebook est dédiée à ce nano mouvement, Health Goth : un genre de laboratoire, think thank du goth sportif et connecté où les photos de vêtements issus du sport croisent des images de prototypes plus techniques, des bras articulés, des masques anti-pollution, des innovations robotiques. Le grand bazar technologique mélangé à des pièces de marques visiblement must have, Whatever 21, Hood By Air ou Nike bien sûr.
 
Le mouvement a été conceptualisé il y a un an, à Portland, sur la côte ouest des États-Unis, ville relativement peu mainstream. Deux internautes en sont à l’origine, fascinés par le mélange entre l’idéal de santé que véhiculent les équipementiers sportifs, comme Nike, en premier lieu, et une esthétique plus torturée. Ce concept de Health Goth a vite été relayé sur la toile.

Mais soyons clairs. On est dans un fantasme, ou un concept, loin de la réalité, et les gothiques sportifs ne squattent pas les salles de sport. On est dans la provocation, la contre-culture pure : adopter les pièces mythiques de la société de consommation - les baskets - par transgression, plus que pour courir un cent mètres. C’est du détournement, et le gothique, sportif ou pas sportif, reste d’une humeur noire. Gageons qu’il ne fait pas de sport. Ça lui ferait du bien, pourtant.



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