Découverte

Comme une impression de "trop vite"?


Speedy Life
Vendredi 31 Aout 2012




Le culte de l'urgence fait désormais partie intégrante de nos vies, et tout continue de s'accélérer. Mises à jour quotidiennes, nouvelles collections de vêtements toutes les six semaines, nouveaux produits tous les mois, tous les secteurs avancent plus vite que le temps. Une course induite par la révolution du numérique.


La révolution du numérique a apporté des avantages considérables pour notre existence, des avantages acquis qui font vite oublier les jours d'avant l'ordinateur ou d'avant Google. Tout s'accélère, les mises à jour de logiciels, navigateurs ou autres, se font quasi quotidiennement, et ses mises à niveau permanentes ont fini par toucher tous les secteurs. Alors, qu’y a-t-il de dramatique à évoluer ? Rien, car les sociétés, notamment les sociétés capitalistes se sont toujours construites à l’aide des crises et des révolutions, à l'exemple de la révolution industrielle. Sans innovation de rupture, il n'y aurait pas eu de locomotive à vapeur, ni de machine capable de faire fondre et d'allier les métaux. Ce type d'innovation a changé le visage du monde et nous a apporté un niveau, de confort, de mobilité, de liberté, et de flexibilité inégalé. Le changement et l'innovation sont donc des bienfaits sociétaux, mais ce qui est inquiétant, c'est la vitesse à laquelle le changement s'accomplit aujourd’hui.

Les révolutions du passé, celles qui ont changé en profondeur le monde, ont été couvées pendant des millénaires avant de s'accomplir, à l'exemple de la révolution agricole. La révolution industrielle a, quant à elle, mis presque quatre générations, alors qu’il a suffi aux avancées du numérique quelques années pour changer la face du monde. L'informatique est désormais partout, dans presque toutes les maisons, dans tous les bureaux, et ce sont les machines qui nous dictent ce que l'on doit faire. Ces mêmes machines ont admis une productivité sans égal et une capacité d'action quasi immédiate, qui ont refondu nos modes de consommation, de travail et même nos modèles relationnels. Une mutation profonde donc, et si rapide qu'elle n'a laissé le temps à quiconque, de s'adapter. En effet, les évolutions sont désormais si rapides que la normalité se définit par le changement. Un changement qui écarte les temps de réflexion, pour laisser place à une dynamique d'action impulsive. Mais comment en est-on arrivé là ?

À la vitesse des flux financiers

L'avènement du numérique a également eu un impact dans les politiques de gestion qui doivent désormais composer avec une extrême financiarisation. Et c'est cette financiarisation qui a accentué le phénomène de l'urgence constante. Les dirigeants d'entreprise scrutent désormais en permanence les informations financières et doivent réagir aussi vite que possible. Mais l'économie réelle, transformée en économie de marché financier, ne peut suivre une telle cadence et oblige les entreprises à dédier des départements de communication à l’explication des nouveaux changements. Sans avoir eu le temps de s'adapter aux dernières modifications, voilà qu'il faut intégrer de nouvelles directives, qui changeront également aussi rapidement qu’elles sont apparues. Le problème inhérent à ce phénomène est que le changement est devenu une fin plutôt qu'un moyen, poussant les économies vers l'inconnu et d'une manière effrénée. Sans même être piloté vers un objectif, l’on ne saurait dire si les avancées technologiques apportent réellement des évolutions sociétales. Le risque ne serait-il pas d’avancer à reculons en matière d’humanité ?


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