Culture(s)

La « bankable » femme de quarante ans et plus


Béatrix Foisil-Penther
Mardi 5 Janvier 2016




Aux Etats-Unis, mais aussi en France, les actrices de quarante ans et plus ne sont plus « blacklistés ». Avec l’avènement d’héroïnes atypiques et décalées, les lignes sont en train de bouger. On s’en félicite.


Amy Schumer
« Invisibles. » En France, Kristin Scott Thomas raconte que passé cinquante ans, les femmes et par ricochet les actrices, deviennent invisibles. Un joli adjectif pour dire qu’elles n’attirent plus les regards, quelles ne suscitent plus le désir, et des réalisateurs, et des hommes. Le sujet n’a rien de neuf, il est rebattu. En revanche, ce qui l’est moins, c’est la contre-rébellion qui couve de l’autre côté de l’Atlantique. À Hollywood notamment, rapporte lemonde.fr. Là-bas, pays d’ostracisme par excellence, on n’est pas à un paradoxe près : la « femme de 40 ans, désirable et décomplexée » redevient bankable, voire fuckable.
 
La preuve ? Cette pléthore de films dans lesquels elle retrouve une place majeure. Ainsi, Crazy Amy de Judd Apatow ou The Last F**kable Day, sketch de la comédienne Amy Schumer. Dans ce « Dernier jour baisable », une scène pourrait devenir anthologique. Des actrices discutent entre elles : « dans la vie d’une actrice, il y a ce moment où les médias décident que tu ne peux plus être considérée comme baisable. Personne ne te le dit, mais il y a des signes… On va te proposer une comédie romantique où tu te disputes avec une autre actrice le privilège de finir dans le lit de Jack Nicholson, par exemple… ».
 
Le ton est donné. Pourtant, sous l’impulsion d’une « nouvelle génération d’actrices, réalisatrices, scénaristes, productrices », explique Le Monde, les lignes sont en train de vaciller. Ainsi, au cinéma, on voit l’avènement « d’une héroïne de type nouveau, la femme, âgée de 35 à 50 ans, professionnellement accomplie, désirable et sexuellement active, imposant une beauté nouvelle, sans botox ni Photoshop », peut-on lire sur le site du Monde. Cette héroïne pourrait être incarnée par des pionnières du genre, Amy Schumer ou Lena Dunham, l’auteur de la série Girls, pavé dans la marre s’il en est. Avant Girls, Sex and the City avait ouvert la voie.
 
En France, on pourrait citer Emmanuelle Bercot qui, à quarante-sept ans, crève l’écran dans Mon roi de Maïwenn, Julie Delpie super décomplexée dans Lolo, ou la reine, Karin Viard, dans 21 nuits avec Pattie, des frères Larrieu. Une Karin Viard, « quadragénaire hédoniste épanouie, fantasque, et sexuellement vorace. » Dans tous les cas, bien visible. Et on s’en félicite. Tout comme l’avènement de ces nouvelles héroïnes atypiques et décalées.



Dans la même rubrique :