Carrière

Les managers manquent-ils de moyens pour exercer?


Speedy Life
Vendredi 3 Aout 2012




La profession de manager est aujourd'hui davantage tournée vers la gestion opérationnelle. Les tâches demandées aux managers ne peuvent pas être déléguées et ils se retrouvent cloisonnés dans leur bureau, sans jamais interagir avec leurs subordonnées autrement que par des réunions annuelles ou par mail. Ce problème provient souvent d’un manque de moyens.


Ce que font les managers aujourd'hui

Traitant des dossiers techniques, administratifs et commerciaux, les tâches qui incombent aux managers ne peuvent être déléguées. Outre le caractère confidentiel de certains dossiers, il s'avère que l'on ne leur donne tout simplement pas les moyens de déléguer. Ainsi, chez IBM par exemple, il faut avoir sous ses ordres, au moins 250 personnes pour justifier de l'aide d'une assistante. Les managers préparent leurs réunions, leurs présentations, et leurs projets, sans aucune aide. Des tâches chronophages qui ne leur laissent pas le temps de s'occuper de leurs subordonnés, alors que leur métier est bien de gérer des équipes. Évidemment, l'utilisation d’outils comme les CRM et ERP leur facilite la tâche, mais cela est loin d'être suffisant. Il existe un véritable problème organisationnel qui tient d'une culture d'entreprise orientée "client" à tous les niveaux. Une course au résultat qui induit une organisation transversale dans laquelle les managers interviennent à tous les niveaux, toujours sans assistance. De plus, les contraintes financières grandissantes leur imposent de faire rapport sur rapport. Toutes ces tâches occupent l'emploi du temps des dirigeants et consomment leur énergie.

Un modèle social dégradé

En se consacrant aux tâches opérationnelles et à la gestion, les managers, même ceux, dits de proximité, n'ont en réalité plus de contact avec leurs subordonnés. Recevant des ordres orientés par les chiffres, et incompatibles avec la réalité, ils souffrent d'un stress négatif, qu’ils finissent par transmettre à leurs employés. Il n'existe en réalité, plus de management dans certaines entreprise, car ils sont trop occupés à faire des comptes rendus et autres tâches qui n'ont rien à voir avec le management à proprement parler. Se limitant ainsi à donner des ordres, ils détruisent la dynamique d'équipe et le modèle social de l'entreprise. Il en résulte une perte de confiance des salariés envers eux, mais également une perte de confiance du manager envers ses supérieurs. Sur le papier, le manager a des responsabilités sociales importantes, alors qu'en réalité, l'on attend de lui qu'il exécute des ordres incompatibles avec la réalité sociale de l'entreprise. Ainsi, conscient de l'impropriété des directives qu'on lui donne, en constant changement, il n'a guère d'autre choix que d'appliquer ces directives, mettant ses subordonnés dans la même dynamique d'incompréhension.

Le non-management a un coût

Focalisées sur le rendement à court terme, les entreprises négligent les impacts du non-management. Les managers perdent peu à peu de leur assurance et manquent de confiance envers leurs supérieurs ainsi ils transmettent une dynamique d'échec aux équipes. Chacun étant centré sur lui-même, plus personne n'exerce que dans l'obligation d'un objectif. Sans savoir ce dont il retourne, chacun s'exécute comme un « pion ». Ainsi, les exigences qui pèsent sur les managers ont un coût sur la productivité globale de l'entreprise. En effet, chaque salarié perd ses repères et ne comprend pas le sens de ses tâches. Il en résulte un désengagement progressif envers les intérêts de l'entreprise. Or, l'on sait pertinemment que l'engagement des employés est source de productivité. Tension au sein des équipes, absentéisme, augmentation des risques psychosociaux, perte de la valeur ajoutée dans les services de l'entreprise, sont autant de conséquences d'un non-management.
 


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