Bien-être

Les origines biologiques de la dépression


Speedy Life
Jeudi 13 Mai 2010




Par Sophie Chamorand

La dépression est généralement considérée comme une maladie d’origine psychologique, mais son origine biologique est tout aussi importante car elle explique la survenue de cette maladie chez de nombreux patients. S’il n’existe pas encore d’examen médical spécifique pour la dépister, comme un test ou un prélèvement effectué en laboratoire, les spécialistes du système nerveux central ont mis à jour des perturbations cérébrales chez les patients qui ont ouvert la voie à la découverte de médicaments.


Selon l’Inpes (Institut national de prévention et d'éducation pour la santé), 19 % des Français de 15 à 75 ans (soit près de 9 millions de personnes) ont vécu ou vivront un épisode dépressif au cours de leur vie. Si la maladie touche un grand nombre de personnes, elle est pourtant encore mal comprise. En effet, contrairement à certaines idées reçues, elle ne relève ni d’une fatalité, ni d’une faiblesse de caractère. Ses origines sont multiples. Derrière les facteurs psychologiques se cachent des facteurs biologiques et environnementaux (social, professionnel, familial) qui démontrent que la maladie peut toucher absolument tout le monde et qu’elle nécessite une prise en charge par un professionnel compétent.

Pourquoi moi ? D’où vient ma maladie ?

Dès les premiers symptômes de la dépression, le malade veut en comprendre l’origine pour lui donner un sens. Les diverses interprétations que le malade formule à ce stade n’ont souvent qu’une apparence de vraisemblance : problèmes au travail, soucis financiers, complexe professionnel ou personnel… Ces interprétations sont très éloignées des origines réelles de la dépression. La dépression provient en fait d’un ensemble de mécanismes de diverse nature et encore imparfaitement connus. Parmi tous les facteurs possibles, il faut distinguer ceux qui interviennent en amont de la maladie, les facteurs de risque, et ceux qui interviennent juste avant le déclenchement de la maladie, les facteurs précipitants.

Une perturbation du fonctionnement cérébral

La dépression est avant tout liée à une perturbation du bon fonctionnement du cerveau. Ce dysfonctionnement se situe au niveau de la fabrication, de la transmission et de la régulation des neurotransmetteurs (composés chimiques libérés par leurs neurones). Rétablir leur bon fonctionnement devient alors la priorité pour traiter la maladie. Pourquoi le cerveau se met-il tout d’un coup à ne plus fonctionner normalement ? Plusieurs déclencheurs peuvent être énumérés : des déclencheurs « stresseurs » comme la fatigue, le manque de sommeil, la dégradation de l’hygiène de vie, l’anxiété chronique ou encore le surmenage. Certaines maladies peuvent également déclencher des symptômes, comme certains cancers, des problèmes thyroïdiens, une insuffisance cardiaque ou encore une fibromyalgie. Enfin, un dérèglement hormonal ou des lésions cérébrales peuvent déclencher ces dysfonctionnements.

Des mécanismes psychologiques spécifiques également impliqués

Certains des mécanismes psychologiques en jeu dans la dépression trouvent leur origine dans l’enfance du patient, par exemple la qualité des premières relations avec les parents, ou dans des événements contemporains à la vie du patient, comme un traumatisme, un deuil ou un déficit soudain de l’image de soi. On identifie aussi la propension du malade à exprimer des croyances ou des idées négatives comme facteur psychologique favorisant l’apparition de la maladie. Ces malades ont en effet beaucoup de mal à chasser leurs « idées noires ».

La dépression, ça se soigne !

La dépression se soigne comme d’autres maladies car c’est bien le fonctionnement du cerveau qui est atteint et non sa structure. Cette maladie est donc réversible et ce, grâce à un traitement prescrit par le médecin qui va agir sur les symptômes biologiques. Les symptômes psychologiques sont, quant à eux, traités par une psychothérapie.

L’accompagnement du médecin est très important : c’est lui qui va choisir l’antidépresseur adapté et sa posologie. Corriger et restaurer le bon fonctionnement des neurotransmetteurs est primordial et c’est la principale fonction des antidépresseurs. Les traitements sont aujourd’hui bien tolérés et donnent des résultats satisfaisants pour un nombre toujours plus grand de patients.

Des médicaments très ciblés

On distingue aujourd’hui 5 grandes familles d'antidépresseurs, qui agissent de différentes manières sur les neurostransmetteurs. Un exemple représentatif des antidépresseurs actuellement sur le marché : le Seroplex (laboratoires Lundbeck). Le Seroplex est un antidépresseur dit inhibiteur de la recapture de la sérotonine à base d’escitalopram. Cette molécule a d’ailleurs été découverte et brevetée par les laboratoires Lundbeck et Forest. Elle est généralement utilisée dans les débuts de la maladie car les études scientifiques ont démontré que plus le traitement commençait tôt plus elle était efficace.

Des efforts de recherche permanents

L'efficacité des médicaments antidépresseurs dans le traitement de la dépression ne fait aucun doute. Il n'en reste pas moins que de nombreuses questions restent encore sans réponse concernant leur mécanisme d'action exact et les progrès de la recherche sont donc très attendus. Pour le groupe danois Lundbeck, les avancées dans le traitement de la dépression sont un impératif. Dans sa seule filiale française, dirigée par Marie-Laure Pochon: sur les 600 employés de Lundbeck France, 66 sont dédiés à la recherche et au développement. Marie-Laure Pochon nourrit d’ailleurs une ambition peu comparable en matière d’innovation puisque 23% des bénéfices de Lundbeck sont réinvestis dans la R&D.

Un signal encourageant envoyé aux patients, puisque Lundbeck France (26e laboratoire en France) est aujourd’hui leader sur le marché du système nerveux central. Pour Marie-Laure Pochon et ses équipes, l’espoir de développer des traitements encore plus efficaces guide les efforts de R&D. Aujourd’hui plus d’une centaine d’hôpitaux teste des molécules fabriquées dans son entreprise. Le cerveau est encore un grand inconnu. Mais l’espoir de développer des médicaments toujours plus efficaces participant au traitement de la maladie est réel. C’est en étudiant de plus en plus précisément les dysfonctionnements cérébraux que les scientifiques pourront avancer sur la connaissance des origines biologiques de la dépression.


Sophie Chamorand est journaliste et rédactrice web spécialisée dans le domaine de la santé.


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