Culture(s)

Les petits riens d’Agnès Desarthe


Béatrix Foisil-Penther
Lundi 19 Mai 2014




Si les nouvelles ont bonne presse en France, mais ne sont pas aussi populaires comme genre que le roman, des perles existent. Aujourd’hui, c’est le recueil d’Agnès Desarthe, « Ce qui est arrivé aux Kempinski », qui attire l’attention : quatorze nouvelles tirées au cordeau, et parfaitement jubilatoires.


Agnès Desarthe
Les nouvelles en France, ce n’est pas facile. Moins qu’aux Etats-Unis ou en Angleterre, où le genre littéraire est un genre à part entière, reconnu et considéré. Et pourtant, en France, il y a de véritables perles. On se souvient de celles écrites, entre autres, par Marie Desplechin, Marc Dugain ou Claire Castillon.

Aujourd’hui, c’est le recueil de la romancière et essayiste, Agnès Desarthe qui emporte le lecteur avec sa verve et sa vivacité : quatorze nouvelles tirées au cordeau dans lesquelles, l’auteur d' « Une partie de chasse » ou « Comment j’ai appris à lire », livre une galerie de portraits extravagants et décalés. Sous couvert de normalité, des personnages tous un peu plus fous les uns que les autres.

À un moment donné, ses nouvelles déraillent, sortent des sentiers battus. Parfois, c’est une croisière qui devient un enfer, discuter avec un faisan peut s’avérer captivant, ou les petits riens des enfants, des sous-plats en pinces à linge ou des colliers de coquillettes, mener dans le mur : les parents au divorce. Parfois aussi, on fantasme sur les menuisiers, une mère ne comprend plus rien à son fils, une historienne spécialisée dans la Shoah, ne sait plus comment décrire son métier…
 
Agnès Desarthe décrit des personnages saisis sur le vif, souvent avant un point de bascule, une rupture, la mort… Des vies passées sous sa loupe grossissante et son regard acéré. Elle tient en haleine, de rebondissements en rebondissements, de surprises en suprises, et offre des tranches de vie singulières, pas banales pour un sou. C’est drôle, grinçant, décalé et souvent absurde, parfois tragique. Du travail d’artisan, ciselé et fin.
 
« Ce qui est arrivé aux Kempinski », Agnès Desarthe (L’Olivier, 191 p.)
« Une partie de chasse », Agnès Desarthe, (L’Olivier, 2012)
« Comment j’ai appris à lire », Agnès Desarthe (Stock, 2013)


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