Tendances

Monoproduit, mono manie


Béatrix Foisil-Penther
Lundi 15 Septembre 2014




Depuis quelque temps, le produit unique décliné presque à l’infini, pourrait-on dire, a le vent en poupe, que ce soit un menu au restaurant ou dans un magasin dédié.


La tomate au Shangri-La
Le monoproduit est le nouveau graal. Il avait déjà envahi les bars, les pâtisseries. On se souvient du Merveilleux de Fred, une meringue enrobée de crème fouettée se déclinant en six variétés différentes. La pâtisserie ne faisant que des Merveilleux… D’autres ne proposant que des choux ou des éclairs. Aujourd’hui, le concept fait fureur. Mais il s’est déplacé dans les restaurants étoilés ou non. On y décline donc un même aliment sous toutes les coutures. Des exemples ? Au Shangri-La, un menu spécial est consacré à la tomate : le restaurant L’Abeille propose le menu « vieilles variétés de tomates de plein champ ». Au programme, dix plats. On voit passer des tomates des Andes, des tomates russes… Snobisme quand tu nous tiens…

Salé ou sucré… La mono manie ambiante s’attaque à un produit unique. Les chefs se sont engouffrés dans la brèche, pardon, dans la tendance. Ils cultivent donc une sorte de marotte exclusive. Si ce n’est pas du concept ça ? Du pur concept pour purs bobos en mal d’expériences. Comme si les gens étaient blasés et qu’aller payer une addition longue comme le bras au Shangri-La pour manger dix tomates différentes étaient le must. Va falloir convaincre…

Résultat des courses, on ne compte pas ceux qui se cassent la figure. Faut la jouer fine. Finaude même, parce que sinon, on s’ennuie vite. Le produit unique doit être synonyme de perfection dans ses déclinaisons et ses compositions. Il ne supporte pas la médiocrité. Les marketeurs de tous poils, en plus des chefs, cherchent donc des concepts tous azimuts. Dans un seul et unique but : épater la galerie : bars à mozzarella, comptoir à gyozas...

À l’Atelier Vivanda, on trouve des cartes 100% viande… d’exception bien sûr. Menu multi-tomates au Shangri-La donc, quand chez Lasserre, Claire Heitzler, nommée meilleure chef pâtissière il y a deux ans, par Chef Magazine, propose un repas uniquement composé de gâteaux et autres gourmandises… Il n’en n’a pas marre le bobo ? Il ne voudrait pas aller au bistrot comme tout le monde : entrée-plat-dessert, mais pitié, pas de la tomate déclinée à toutes les sauces !


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