Culture(s)

Quand le numérique sauve l’éducation


Béatrix Foisil-Penther
Mercredi 29 Juillet 2015




Avec le numérique, ses outils et ses initiatives, enseignement et éducation pourraient bien faire leur révolution.


L’éducation pourrait bien s’offrir une seconde vie. Renaître même. Comment ? Grâce au numérique. Avec ses outils interactifs, il offre une nouvelle approche, moins sclérosée que l’école traditionnelle. Les méthodes sont plus globales et innovantes, notamment avec les mooc, les massive open online courses, ou formations en ligne ouvertes à tous. Elles s’appuient sur Internet. La clé : la rapidité avec laquelle données et informations circulent, et leur accessibilité.

Il y a une grande souplesse dans le processus. Et c’est sans doute ce qui manque aujourd’hui à l’éducation classique. D’un côté, il y a des personnes en demande, partantes pour l’auto-apprentissage. De l’autre, des doers, les « enseignants », « ceux qui font ». Souvent, les deux catégories se regroupent au sein de laboratoires d’apprentissage, ou learning labs. Ainsi, l’échange des savoirs prend tout son sens. Surtout, le potentiel offert par les nouvelles technologies connectées est immense.

La preuve ? On peut citer la Khan Academy, sorte de mooc précurseur. À l’origine, le très diplômé Salman Khan se met à aider sa cousine pour la faire progresser en mathématiques. Pour elle, il conçoit de petites vidéos basiques, des tutoriels avant l'heure. Aujourd’hui, onze ans après ses débuts, Salman Khan est en passe de fonder « la première classe mondiale virtuelle », explique t-il à L’Express. La  Khan Academy, ce sont des cours allant de la musique aux mathématiques, et 10 millions de vidéos visionnées chaque mois dans le monde entier. Aujourd’hui, les initiatives d’Advance Learning Interactive Systems Online, ou système avancé d'apprentissage interactif en ligne se multiplient. Toutes se basent sur le principe - et la force - de l'auto-apprentissage. 

Un exemple l’incarne encore plus que d'autres. C'est celui de l’Indien Sugata Mitra, diplômé du MIT, Le Massachusetts Institute of Technology aux États-Unis. En 1999, il tente une expérience dans son pays natal. Depuis, elle est connue comme celle du « trou dans le mur » : il casse le mur de son bureau en bordure d’un bidonville et y glisse un ordinateur avec un accès Internet. Le soir même, sans aucune indication, les enfants du quartier, qui ne parlent pas Anglais, surfent sur le Web et expliquent aux autres comment procéder. C’est « comprendre soi-même », ou le concept de la Minimally Invasive Education, « l’éducation avec intervention extérieur réduite au minimum. » Elle a rendu Sugata Mitra célèbre.

En France, on peut saluer l’initiative de Xavier Niel, le fondateur de Free. En 2013, il a créé l’École 42. Cette dernière, atypique, forme des développeurs et des pros du code. Elle peut faire valoir le fait d’offrir « une opportunité en or à ceux qui n’ont pas de chance », explique un étudiant à Elle. Autrement dit, elle fait bouger les lignes car elle est ouverte à des étudiants parfois sortis du système scolaire classique et sans diplôme. Mais voilà, l’École 42 n’est pas reconnue par l’État… Et pourtant, il s’agit aujourd'hui de reconnaître l’énorme potentiel et la créativité de telles initiatives. Il semblerait que l’avenir de l’éducation se trouve là, porté par ces démarches innovantes.



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