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Rendons à Laguiole ce qui appartient à Laguiole


Béatrix Foisil-Penther
Mercredi 22 Octobre 2014




Une décision de justice européenne a annulé le dépôt de la marque de couteaux aveyronnais par un entrepreneur du Val-de-Marne.


Rendons à César ce qui appartient à César. Laguiole, la marque des fameux couteaux fabriqués en Aveyron avait un peu perdu la boule : depuis six ans, un vendeur du Val-de-Marne avait déposé le nom de la marque aveyronnaise afin de vendre des produits Laguiole partout dans le monde. « On nous a rendu ce qu’on nous avait volé, notre nom, ça valait le coup d’être têtu. » se réjouit dans Libération, Thierry Moysset, le patron de la forge Laguiole.

C’est la justice européenne qui a tranché. Dans les faits, elle a donné raison à Thierry Moysset, contre Gilbert Szajner, habitant du Val-de-Marne, qui avait déposé en 1933 la marque Laguiole, englobant non seulement des couteaux, mais aussi divers produits allant des meubles en passant par le vin ou les lunettes.
 
L’entreprise Laguiole, située dans le village du même nom dans l’Aveyron, emploie 110 salariés. 120 000 couteaux - les authentiques - sortent chaque année des forges. Aujourd'hui, elle voit s’éloigner son pire cauchemar : en 2001, la marque a été enregistrée au niveau européen. Résultat, des licences qui n’ont plus rien à voir avec le schmilblick ont été cédées à travers le monde, et de faux produits Laguiole se sont mis à être fabriqués en Asie, en Chine ou au Pakistan. Bien loin du terroir de Laguiole, et évidemment plus rien à voir avec son savoir-faire initial.

À Laguiole, les habitants n’avaient plus que leurs yeux pour pleurer. Pire, Thierry Moysset se serait vu accusé de contrefaçon s’il avait souhaité fabriquer des fourchettes pour accompagner ses couteaux... La situation, dans l'impasse, donc.
 
La Forge de Laguiole quant à elle n’entendait pas laisser son nom perdre sa valeur et son authenticité à coups de produits dérivés, de copies fabriqués en Chine ou ailleurs. La bataille a donc fait rage. Gilbert Szajner a fini par se replier : il garde le nom pour des «produits s’agissant d’autres secteurs», mais plus pour vendre des couteaux. La production artisanale des couteaux de Laguiole revient donc sur le terroir du même nom, en Aveyron. On ne peut que s’en réjouir.


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