Bien-être

Sevrage numérique


Béatrix Foisil-Penther
Lundi 30 Mars 2015




Ça va devenir un marronnier. Quoi ? La Digital Detox, sujet que l’on retourne dans tous les sens et qui ne cesse de nous intéresser... parce qu’à contrepied total de la tendance environnante. C’est pour cela qu’on aime.


Entre les personnes hyper connectées qui font des dépressions 2.0 et les études qui se multiplient montrant les changements cérébraux induits par Internet, logiquement, la détoxification digitale ou digital detox tape dans le mille. Elle intrigue autant qu’elle captive. Elle fait peur tout en fascinant. De quoi s’agit-il ? D’une cure, d’un temps X passé comme dans toute addiction, sans l’objet de sa dépendance.
 
Dans le cas qui nous intéresse, il est donc question d’Internet, mais évidemment d’Internet à usage intensif. On ne parle pas des petits joueurs. On parle des internautes qui passent plusieurs heures par jours (4-5-6-7 ?) sur les réseaux sociaux, qui tweetent, retweetent, bloguent, rebloguent, googlent comme ils respirent ou instagrament tout ce qui passe devant leurs yeux. La maladie du siècle en somme.
 
Pour quantifier l’étendue du désastre, des chiffres. Le Monde rapporte qu’ « un cadre reçoit au bureau 50 mails par jour. 70 % des Français vérifient leur messagerie toutes les cinq minutes, 78 % se connectent avant de dormir, à peine moins dès le réveil. » Pour éviter tout burn-out ou burn-in induit par une surconsommation d’Internet, des solutions émergent. D’un point de vue marketing, on surfe aussi sur un créneau très lucratif. Le chaudron numérique est chronophage, on l’a bien compris. Les professionnels de l’hôtellerie aussi. Résultat, les initiatives fleurissent et le filon est bon.
 
De très chics hôtels proposent des séjours non plus de remise en forme (c’était bon pour le siècle dernier), mais de digital detox. Spas, thalassos s’y mettent. Le principe est le même. Comme au Vichy Spa Hôtel Les Célestins à Vichy, dont parle Le Monde, et qui a déjà fait l’objet d’une chronique ici-même, en arrivant on remet les objets de son addiction - tablette, smartphone, ordinateur portable - à la conciergerie. Ils seront entreposés au coffre. Wi-Fi, fini. Télévision aussi. Il n’y a pas d’écran. Oui, pas d’écran.
 
C’est plus chic qu’un séjour en détox pour cause de drogue ou d’alcool mais le principe est le même : le sevrage. Ici, donc, il s’agit de diète digitale. Les candidats ont un profil de CSP+++. Le but est de couper leur habitude d’hyper connexion. Souvent, elle a pris le pas sur la vie privée, ou de famille. Elle entrave l’utilisateur au point de le handicaper. Un des candidats, Éric, raconte au Monde : « Quand je dois gérer mes 150 mails quotidiens, je me plains, mais quand je n’en reçois pas, je suis en manque. » Précision : sa detox de quatre jours lui a été offerte par sa femme et ses filles. Même si l’objet est moins grave, comme dans le cas de la drogue et de l’alcool, elles ont aussi expérimenté les affres de la co-dépendance…
 
Dans tous les cas, pour supporter la diète numérique, massages, sport, menus calibrés, sophrologie sont des passages obligatoires. Les coaches se mettent aussi en quatre. Le but est d’apprendre à déconnecter, ou risque de rechute moindre, de gérer sa consommation. Break, pause, mise à distance, débrancher, quelque soit le nom, le sevrage technologique est bon.Oui, mais le filon aussi.



Dans la même rubrique :