Carrière

Silicon Valley, cachez ce machisme…


Béatrix Foisil-Penther
Mercredi 14 Janvier 2015




La Silicon Valley serait un repaire de machos. Dans l’industrie des hautes technologies et de l’Internet, les polémiques et les accusations de machisme se succèdent les unes après les autres. Silicon Valley, ton univers impitoyable ?


Barbie startuppeuse
Soirée « Hackers et Putes », tweets racoleurs, « TitStare », application consacrée à découvrir et à noter les plus belles poitrines… Tout cela se passe dans la Silicon Valley, berceau américain et mondial de l'industrie de la high-tech. Dans l’inconscient collectif, la Silicon Valley serait plutôt un endroit « cool ». Dans les faits, que nenni. Les start-up, et plus largement, leur culture, seraient gangrénées par le sexisme et le machisme. Pire, ce serait un univers très violent pour les femmes.
 
Pour preuve, des scandales en veux-tu en voilà : Twitter et son conseil d’administration sans aucune femme. Chez Tinder, l’application de rencontres a été en juillet dernier, le théâtre d’accusations de harcèlement sexuel de la part de la vice-présidente de l’entreprise, Whitney Wolfe. On continue ? Chez Zillow, la plateforme de données de biens immobiliers, des plaintes pour harcèlement sexuel et pour discrimination, ont visé le portail Internet. Une des employées, Rachel Kremer a même parlé de « torture sexuelle », rapporte le magazine Elle : les femmes de l’entreprise auraient été classées selon le volume de leur poitrine. À ce petit jeu, aucune chance d'obtenir une promo...

En 2013, chez Kanteron Systems, la start-up de médecine personnalisée, le PDG de l’époque avait tweeté une photo de talons hauts en commentant : « Je suis à un événement sensé être réservé aux entrepreneurs, et pourtant, j’y croise beaucoup de talons hauts. » Le clou en conclusion : « #pasde cerveau. » Bonne ambiance... Et bon esprit aussi.
 
Au-delà des scandales, cela prouve à quel point ces entreprises spécialisées dans les hautes technologies, start-up et multinationales confondues, privilégient les hommes. Ils y sont en effet majoritaires. Malgré des présences féminines apparentées à des succès - Sheryl Sandberg numéro deux de Facebook, Marisa Mayer à la tête de Yahoo, Meg Whitman dirigeant Hewlett-Packard, ou Emily White chez Snapchat, après un passage chez Instagram – la culture dans ces entreprises reste très misogyne.

La majorité des femmes a d'ailleurs du mal à s’y faire une place. En 2013, une étude menée par IT Manager Daily, conjointement avec Girl Scouts of America, indiquait que seulement 25% de femmes occupent des postes dans des entreprises de nouvelles technologies. Le pourcentage tombe à 11% lorsqu'il s'agit des postes les plus élevés.
 
Pourquoi tant de haine ? La Silicon Valley, Mecque mondiale des nouvelles technologies « a toujours bénéficié d’une image glamour », avance dans Elle, Isabelle Collet, maître de recherche en sciences de l’éducation à la faculté de Genève en Suisse. « On pense à tort que c’est un endroit préservé », ajoute t-elle. Dans les faits, alors, un endroit bourré de nerds et de geeks dont certains n’ont #pasdecerveau ? Silicon Valley, cachez ce machisme que je ne saurais voir. Merci.


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