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Zoom sur la parentalité étudiante


Clarisse Rosius
Mardi 5 Décembre 2017




La diffusion des méthodes modernes de contraception et la possibilité d'interrompre une grossesse ont généré des comportements très normés en termes de calendrier de constitution d'une famille. Devenir parent durant ses études apparaît ainsi comme un impensé social et, dans les faits, la parentalité étudiante s'avère peu prise en compte par le système éducatif français.


Source : Pixabay, image libre de droits
L'enquête Conditions de vie des étudiants menée en 2016 par l'Observatoire national de la vie étudiante (OVE) indique que 4,5 % des étudiants ont au moins un enfant (soit environ 110 000 étudiants).

La proportion d'étudiants-parents en France est parmi les plus faibles d'Europe. En Norvège, par exemple, un quart des étudiants sont parents. Les différences entre pays sont à rapprocher des systèmes éducatifs qui diffèrent d'un pays à l'autre. En France les études supérieures s'inscrivent le plus souvent dans la continuité du secondaire, tandis que la formation est davantage continue tout au long de la vie dans d'autres pays.

En France, la part d'étudiants-parents est plus élevée à l'université, en santé et dans les grands établissements, filières où les étudiants sont en moyenne plus âgés.

Alors que la plupart des étudiants sans enfant ont entre 19 et 24 ans, les étudiants-parents ont très majoritairement plus de 25 ans. Une part importante d'entre eux sont en reprise d'études et ont eu leur(s) enfant(s) dans un autre contexte que celui des études. Au final, seuls 28 % des étudiants-parents de 2016 le sont devenus durant leurs études.
 

Les grossesses survenant durant les études, majoritairement « non souhaitées »

En 2015, les étudiantes représentaient le quart des femmes ayant interrompu pour la première fois une grossesse (Mazuy, 2016). L'enquête Santé des étudiants (Ove 2016) montre que lorsqu'une grossesse est survenue, elle était d'autant moins souvent souhaitée que l'étudiant-e était jeune : seules 7 % des grossesses survenues à 20 ans étaient « souhaitées à ce moment-là ». Lorsque ce n'était pas le cas, les étudiants indiquent que ce n'était pas compatible avec leurs études (58 %), que les conditions matérielles n'étaient pas réunies (53 %) ou encore que leur situation de couple n'était pas suffisamment stable (32 %). Dans ces situations, la grossesse se termine le plus souvent par une IVG.

La part non négligeable de grossesses non désirées durant les études pose la question de la prévention : 21 % des étudiants et 17 % des étudiantes n'ont pas utilisé de préservatif lors de leur premier rapport ; 9 % des premiers et 6 % des secondes disent n'avoir rien fait pour éviter une grossesse. Cette absence de comportement préventif, plus fréquente en bas de l'échelle sociale, se traduit par un risque accru de grossesses non désirées dans les années qui suivent.

Parmi les parents, 14 % des étudiants et 25 % des étudiantes disent que le fait d'avoir un enfant les a conduits à interrompre leurs études pendant au moins six mois. Échappent en outre à l'observation toutes celles et ceux qui, à l'annonce d'une grossesse, ont cessé leurs études sans les reprendre.

Les étudiants-parents se disent plus fréquemment dans l'impossibilité d'assister à certains enseignements, plus encore lorsqu'ils ou elles vivent habituellement avec leur(s) enfant(s), avec un effet plus marqué pour les mères : 16 % des étudiantes sans enfant ne peuvent assister à l'ensemble des cours contre plus du tiers des mères (tableau). Cet absentéisme se traduit in fine par une moindre réussite aux examens, dans un système éducatif où rien ou presque n'est mis en place pour prendre en compte la situation des étudiants-parents.


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