C’est un ovni. Mais souvent comme les ovni, un ovni captivant. Du Huffington Post aux Inrocks, en passant par L’Expansion et bien d’autres, tout le monde s’en fait l’écho. Personne ne reste indifférent. À quoi ? À un petit film appelé « Moi Internet. » Il a été imaginé par Ugo Savouillan, Alexis Dovera et Christophe Michalon du bien nommé studio Tongs et Curiosités. Les créateurs donnent « la parole » à Internet, si par miracle le Web se réveillait et prenait conscience de ce qu’il est. Le film a des airs de The Tree of Life de Terence Malick, avec sa voix off omniprésente, sa déferlante d’images et de postulats.
Si demain Internet se réveillait, voilà ce qu’il penserait : qu’il est « une entité pensante » composée de « milliards de données »… Et encore, « une entité titanesque », « un monde d’espace et de temps ». Entre autres, car le film dure plus de six minutes, et il est impossible à résumer. Il passe au crible l’humanité entière, le monde créé grâce au Web, à l’autre, à l’altérité. Et si soudain Internet devenait conscient de ce qu’il est ? Conscient d’exister. Et par là même, conscient du monde, conscient de nous, conscient de lui-même. Et si soudain Internet prenait vie et découvrait la réalité qui l’entoure ? C’est l’idée. On découvre alors les mots de cette « entité titanesque » qui s’exprime pour la première fois.
C’est presque spirituel, divin, la voix de Dieu. Si tant est que l’on peut rapprocher Internet de Dieu ! Dans tous les cas, l’idée de départ de ces trublions de Tongs et Curiosités, a pris corps, emmenant le spectateur bien plus loin que le concept initial. Internet monologue en parlant à la première personne. Le soliloque laisse le spectateur incrédule. Encore un peu plus hypnotisé par le morceau de fond, A New Error de Moderat. « Je perçois, je comprends, j’existe » : ce n’est plus l’Internet des objets. Ce n’est plus un « être immatériel. » C’est l’Internet devenu un être totalement conscient. De lui-même et du monde qui l’entoure, « une entité titanesque », qui veut vivre.