Pour progresser, un bon manager doit apprendre à faire son autocritique

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Par Sonia Blal

Vous pensez avoir toutes les qualités d’un bon manager ? Pourtant, les résultats de votre équipe sont toujours en deçà des objectifs. Il est peut-être temps de vous interroger sur les raisons de vos revers.

«Pour progresser, un manager doit constamment se poser des questions, c’est fondamental. Qu’il s’agisse de l’ambiance qui règne au sein de son équipe ou vis-à-vis de lui-même», rappelle Essaid Bellal, DG du cabinet Diorh. Encore faut-il être capable de faire sa propre autocritique, de se remettre en question. Sans être «obsessionnelle, elle est nécessaire», ajoute Ali Serhani, consultant RH à Gesper Services. Effectivement, savoir se remettre en cause et écouter les autres sont des pré-requis quand on dirige une équipe. Un manager doit garder à l’esprit qu’il évolue dans un environnement sans cesse en mutation et qu’il doit gérer des situations de plus en plus complexes. Alors, plutôt que de remettre constamment la faute sur vos collaborateurs ou de s’étonner de leur manque d’implication, pourquoi ne pas reconnaître que ces signes sont peut-être révélateurs d’erreurs de management dont on n’a pas conscience ? Personne n’est à l’abri. Même les patrons rompus à la tâche sont parfois rattrapés par des erreurs.

Le problème est qu’«au Maroc, l’humilité est encore considérée comme une faiblesse. C’est pourquoi certains cadres dirigeants se forgent une carapace d’intouchable voire de dictateur», rappelle Ali Serhani. Autrement dit, ils se considèrent irréprochables et évitent, ou oublient, de se remettre en question. Cela peut «parfois conduire à des situations dommageables pour l’entreprise, ses salariés et même ses clients», souligne William Simoncelli, Dg de Carré Immobilier Maroc. En effet, on a souvent vu des entreprises alors florissantes s’enfoncer progressivement dans des difficultés, sans que, de l’extérieur, on ne soit en mesure d’en expliquer les raisons.

Alors comment faire pour décrypter les signes de ses lacunes managériales ? «La première étape consiste à identifier les premiers signaux : manque d’affirmation, mauvais résultats de ses collaborateurs, démotivation, ambiance stressante, conflits, etc.», souligne Chantal Aounil, responsable recrutement à Bil Consulting. Il est effectivement nécessaire d’être constamment en éveil pour, notamment, observer les résultats et le comportement de son équipe et s’entretenir directement avec ses collaborateurs si besoin est. Sans pour autant devenir une assistante sociale ou un psychologue, un manager doit être autant à l’aise en matière de gestion des ressources humaines que sur les volets technique ou financier. En d’autres termes, il est certes attendu sur ses résultats, c’est la logique qui règne dans toute entreprise. Mais sans les hommes qui l’accompagnent dans l’atteinte de ses objectifs, il ne pourra pas aller bien loin. Il est donc nécessaire qu’il retienne que son évolution professionnelle et personnelle est tributaire de la prise en compte permanente de la variable humaine, de son équipe.

Faïçal Oudmine, DG de FoudMind Capital consulting, est encore plus précis. Pour lui, «les deux baromètres de chaque manager devraient être la qualité du travail fourni par son équipe et l’ambiance au sein de l’entreprise».

Etre manager c’est aussi être capable de choisir les bonnes personnes avec lesquelles on travaille, leur accorder sa confiance, les faire grandir, mais aussi savoir s’en séparer quand cela devient impératif. Même si la perfection reste un idéal, un manager devrait viser tout au long de sa carrière «le zéro défaut». Bien communiquer, savoir accompagner, motiver, déléguer…, tout cela s’apprend que l’on soit junior ou senior manager. Et si la tâche s’avère toujours aussi ardue, voire impossible, un manager avisé sait qu’il dispose d’une large palette d’outils pour apprécier et parfaire son leadership. Mais attention, à ce stade, l’envie de progresser ne suffit pas.

Comme dans la vie de tous les jours, il faut être convaincu que votre volonté de changer est la meilleure solution et que, par conséquent, elle vous demandera un investissement personnel important et, le plus souvent, une véritable remise en cause, en prenant conscience qu’il n’existe pas de recette miracle qui donne des résultats instantanés.

Les outils d’amélioration de la performance sont nombreux, mais ne constituent pas la panacée

Et pour aborder cette démarche de changement dans les meilleures conditions, «il existe des outils pour la gestion des équipes et des projets en fonction des résultats qu’on souhaite obtenir selon une situation donnée», rappelle Chantal Aounil.

A chacun sa méthode pour progresser. Certains préfèrent se lancer dans une formation pour pallier leurs lacunes, approfondir leurs connaissances métier ou renforcer leurs compétences managériales. D’autres optent pour le coaching ou l’accompagnement personnalisé, très en vogue au Maroc depuis une dizaine d’années. Cette démarche peut être efficace, si elle est menée de manière professionnelle. Mais tous ces outils ou démarches ne sont pas la panacée. «On peut être un excellent manager dans un contexte et très mauvais dans un autre, ce n’est pas immuable dans le temps et dans l’espace», rappelle Essaid Bellal. C’est peut-être pourquoi Nawal El Kahlaoui, directrice associée d’une agence de retail marketing, n’est «pas encore convaincue des grilles d’auto-évaluation, des tests, du coaching» et préfère se fier à son instinct.

Retenez tout de même que pour chaque problème il y a une solution. Savoir adopter la bonne attitude, s’approprier la démarche et les outils qui sont à sa disposition, reconnaître les potentiels de chacun de ses collaborateurs, adapter son management à chaque profil et aux enjeux de la situation… Découvrez les conseils des experts et des managers que nous avons interrogés sur leur vision de la conduite des hommes et leur expérience personnelle.

Sonia Blal, La Vie Eco

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