Bjr, kan, MDR… Certains fustigent l’écriture SMS. D’autres s’en réjouissent. Dans tous les cas, qu’on le veuille ou non, l’écriture texto marque une innovation. Il y a les défenseurs qui saluent une certaine créativité. Et les pourfendeurs qui regrettent l’appauvrissement inexorable du Français.
L’évidence est que l’écriture SMS est le fruit d’une vraie contrainte technique : réussir à rédiger des messages de moins de 160 signes en moyenne sur un mobile. Résultat, est née une orthographe inhérente. Pour faire court, les abréviations sont légions : lgtps pour longtemps, tt pour tout, slt pour salut… Les transpositions phonétiques aussi, comme : koi, kan, jamé, eske.
Bien sûr, certains ne se contentent pas de truffer leur texte d’abréviations, d’acronymes comme MDR (mort de rire), IRL (in real life) et autre LOL (laughing out loud), l’équivalent Anglais de MDR, de rebus comme mr6, soit merci. Ils font pire. Ils écrivent l’intégralité d’un message en écriture SMS, ce qui peut donner une phrase du type : « Bjr, S kon s’voi 2m1? » Pour beaucoup, la traduction est nécessaire : Bonjour, est-ce qu’on se voit demain ?
Peut-on parler de retour en arrière ou au contraire, de créativité ? Concrètement, cela varie en fonction du degré de maîtrise du Français de l’utilisateur. En gros, explique à L’Express, Alain Bentolila, spécialiste de l’illettrisme, « Si une personne est capable, à côté des SMS, d’utiliser une langue précise et subtile en cas de besoin, le langage texto n’est pas un problème. » En allant plus loin, pourquoi ne pas voir dans cette façon d’écrire, un nouveau mode d’expression ludique ?
Hélas, pour certains jeunes issus de milieux défavorisés, le langage SMS représente parfois le seul mode d’expression. Il se transforme alors en une sorte de prison linguistique. Un ghetto dont il est très difficile de s’extraire. Particulièrement quand il faut écrire une lettre de candidature pour un travail ou traduire une idée plus sophistiquée.
Toujours est-il, le langage SMS est un langage à part entière. Un sociolecte même. C’est à dire, en linguistique, le parler d’un groupe social. Ce dialecte écrit va continuer de bousculer les particularités orthographiques et grammaticales du Français. Le but est toujours le même : réduire la longueur de la langue pour ne pas dépasser le nombre de signes utilisés pour un SMS, accélérer la saisie sur le petit clavier de son mobile. Koi 2 9 sinon ?