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Bien-être

Accepter sa dépression pour en guérir


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Vendredi 3 Août 2012





La dépression est une perturbation durable de l’humeur qui a de nombreux retentissements dans la vie familiale et sociale du patient (altération de la qualité de vie, isolement social, incapacités à interagir avec ses proches et au travail, ralentissement intellectuel, dévalorisation de soi…), et peut entraîner un véritable handicap au quotidien. Elle est à différencier d’une déprime passagère appelée encore coup de blues qui fait partie de la vie habituelle.


Accepter sa dépression pour en guérir
D'abord comprendre...

Cette maladie psychique est de plus en plus fréquente et peut toucher chacun d’entre nous. Son étiologie est plurifactorielle et recouvre un ensemble de mécanismes complexes à l’interface du biologique, du psychologique et de l’environnement social. Elle peut en outre prendre plusieurs formes et se manifeste différemment selon les âges, les situations et les personnalités de chacun. Elle est évolutive et, mal soignée, les conséquences qu’elle engendre peuvent être graves. C’est pourquoi il est important d’en repérer les signes évocateurs pour être en mesure d’appréhender leur évolution.

Identifier des signaux d’alertes permet de surcroît au patient de prendre conscience de sa maladie et d’être en mesure d’envisager un recours aux soins. Quelques indications vous permettront de reconnaître les signes d’une dépression. Si depuis au moins quinze jours, presque chaque jour, presque toute la journée, vous ou votre proche observez plusieurs symptômes comme une tristesse inhabituelle, une perte d’intérêt et de plaisir, un manque d’énergie, une fatigue importante, une perte de poids, des troubles du sommeil, un sentiment de dévalorisation, des difficultés à vous concentrer, alors vous devez consulter votre médecin traitant.

Comment réagir?

Contrairement aux idées reçues, vaincre une dépression ne dépend ni de la volonté du malade, ni même de son courage. C’est une vraie maladie qui affecte l’ensemble de l’organisme et la personnalité du malade. Guérir d’une dépression est possible à condition d’en faire la démarche et d’accepter d’être aidé par des professionnels. Le patient a parfois des difficultés à accepter d’être aidé. Des raisons psychologiques et culturelles peuvent être de réels freins pour envisager une telle démarche. Du fait de sa maladie, le patient n’a plus d’espoir et pense qu’un traitement n’aura pas d’effet. Or l’acceptation de la maladie par le patient est déterminante pour la réussite du traitement. Elle constitue même le vecteur d’une alliance thérapeutique indispensable à l’élaboration d’un projet de soins. La guérison d’un trouble psychique nécessite une réelle implication du patient.

Aujourd’hui des recours thérapeutiques existent pour faire face à la dépression et on peut tout à fait guérir de la dépression. Comme l’explique le Dr Philippe Nuss, psychiatre au Centre Hospitalier Universitaire Saint Antoine à Paris, deux phases d’amélioration successives sont observées : en premier lieu, le traitement médicamenteux par antidépresseurs va agir au niveau du cerveau et en second lieu, la psychothérapie va permettre d’identifier les causes de la dépression et élaborer de nouveaux choix de vie. Ces traitements sont adaptés à chaque personne, à l’intensité de l’épisode dépressif et sont souvent complémentaires.

Le traitement, concrètement

Au niveau du cerveau, les neurones sont reliés entre eux à leurs extrémités par des synapses grâce auxquels ils peuvent communiquer les uns avec les autres. Cette transmission de l’information se réalise par la libération de substances chimiques appelés neuromodulateurs ou neuromédiateurs comme la sérotonine, la noradrénaline… Ce fonctionnement nous permet d’avoir une bonne perception de la vie. Dans la dépression, la communication de l’information entre les neurones est altérée, perturbant ainsi chez le malade la perception de l’information. Ainsi, un événement agréable ou banal peut être ressenti comme négatif, douloureux, ou pénible. C’est un petit peu comme si le patient portait en permanence des lunettes noires qui ne lui permettent de décrypter son environnement qu’en noir et blanc, sans possibilité d’accès aux couleurs et aux nuances. Les antidépresseurs sont donc des molécules qui vont rétablir le bon fonctionnement du cerveau en ciblant leur action sur le rétablissement de la transmission de l’information entre les neurones. (Voir, à ce sujet, l'interview du Dr Pierre-Michel Llorca, CHU Clermond Ferrand)

En général, le patient peut repérer une amélioration des symptômes à l’issue d’environ trois à quatre semaines de traitement. La prise doit être continue et il est indispensable de poursuivre le traitement après la disparition des symptômes. Pour cela, le patient doit avoir accepté de prendre le traitement pour pouvoir en supporter les contraintes. Il arrive aussi que le malade ait parfois du mal à envisager l’arrêt du traitement qui doit toujours être progressif et discuté avec le médecin. C’est pourquoi, lors du traitement un suivi médical par un médecin est indispensable.

Se saisir du processus de guérison

De manière conjointe ou pas au traitement médicamenteux, la psychothérapie est une thérapie de la dépression à part entière. Son efficacité a été prouvée dans de nombreuses études qui ont permis d’en préciser les indications. Parler de sa souffrance à ses proches est possible mais il est souvent plus facile et parfois indispensable d’en discuter avec un professionnel de santé tel que son médecin traitant ou un spécialiste. Lors d’un épisode dépressif, la psychothérapie permet de mieux gérer la maladie, de réduire ses symptômes, d’identifier le sens que l’on souhaite donner à sa vie, de pouvoir envisager de nouveaux projets, de redéfinir des priorités et de nouveaux choix pour son avenir. Ses premiers effets peuvent se ressentir assez rapidement mais les changements durables ne peuvent être observés qu’au bout de quelques semaines. La psychothérapie est à envisager comme une phase de consolidation qui sert aussi à prévenir la réapparition des symptômes.

Plusieurs méthodes existent mais toutes sont fondées sur un échange de personne à personne. La relation thérapeutique s’instaure grâce à l’écoute, la bienveillance, l’absence de jugement et l’empathie du praticien. Sa qualité, le sentiment d’être accueilli et entendu dans ce qui nous arrive et dans ce que nous ressentons sont des éléments déterminants de toute psychothérapie. Mettre des mots sur notre vécu, favoriser l’expression de ce que nous ressentons réellement et nous mettre en confiance permet d’aller au-delà d’où nous avons l’habitude d’aller et d’emprunter d’autres voies. A terme, le regard que nous posons sur nous-mêmes est différent, une prise de conscience de nouvelles perspectives devient possible, nous abordons nos problèmes d’une façon différente, et nos réponses sont motivées par de nouveaux schémas de pensée.




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