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Culture(s)

Emmanuel Macron veut taxer les livres d’occasion


Paolo Garoscio
Lundi 15 Avril 2024





Emmanuel Macron a proposé vendredi 12 avril 2024, dans le cadre de sa visite au Salon du Livre de Paris, une nouvelle taxe sur les livres d'occasion pour protéger les revenus des auteurs et éditeurs, et préserver le prix unique du livre neuf. Cette mesure, dévoilée dans un contexte où un livre sur cinq acheté est d'occasion, vise à capter une partie des revenus d’un marché qui exclut les maisons d’édition et les auteurs.


Une minorité de livres sont achetés d’occasion

D'après une étude dirigée par le ministère de la Culture et la SOFIA, le marché du livre d'occasion est en pleine croissance, représentant en 2022 environ 350 millions d'euros pour 80 millions d'exemplaires vendus. Mais un montant très peu élevé par rapport aux plus de 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires de l’édition en général en France. Et, surtout, un marché minoritaire : seulement 20% des livres sont achetés d'occasion en France, bien que cette part explose à près de 50% lorsqu'il s'agit de romans policiers par exemple.

L'absence de rémunération sur les ventes de livres d'occasion est une préoccupation majeure pour les auteurs et éditeurs. La taxe envisagée pourrait permettre de redistribuer une partie des revenus du marché d'occasion vers les créateurs, offrant une compensation pour les pertes subies due à la circulation de leurs œuvres sans retour financier direct.

Une taxe totalement contre-productive ?

La proposition de taxe a suscité des réactions variées, y compris l'opposition notable de figures politiques comme François Bayrou. Celui-ci critique la mesure comme étant potentiellement préjudiciable pour les plus démunis, arguant que la TVA, souvent considérée comme un impôt sur les pauvres, pourrait être affectée par de telles initiatives.

La proposition d’Emmanuel Macron est d’autant plus étonnante que ce dernier demande aux Français de lire plus, estimant comme une partie de la classe politique que les réseaux sociaux retirent l’attention des jeunes. Mais en augmentant le prix des livres d’occasion, parfois seul accès possible à la lecture pour des personnes fragiles, alors que le prix d’un livre neuf dépasse allègrement 10 voire 20 euros, le projet pourrait être contre-productif. Sans compter qu’il risque d’être compliqué à mettre en place, une partie des ventes se faisant de gré à gré.