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Comment lutter contre la somnolence au volant ?


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Jeudi 2 Mai 2019





Devant l’alcool et les excès de vitesse, la somnolence est la première cause de mortalité sur la route, avec près d’un tiers des accidents recensés. Des chiffres alarmants, qui obligent certes les autorités publiques à légiférer, mais qui encouragent aussi certaines start-ups françaises à innover toujours plus pour la sécurité des conducteurs. Focus sur cette question qui engage la responsabilité de chacun.


Si les principales causes de somnolence au volant sont bien évidemment la fatigue et donc le manque de sommeil, il existe néanmoins des facteurs aggravants plus ou moins évidents. La consommation de certains médicaments ou la prise de drogues, mais également un repas trop copieux ingéré avant de conduire ou encore des températures excessives dans l’habitable du véhicule constituent des éléments à risque, à prendre en compte avant de prendre le volant.
 
Des solutions légales, et des recommandations utiles
 
La vitesse, la durée de conduite, et l’activité des chauffeurs routiers sont d’une telle importance pour la sécurité routière que la législation impose un chronotachygraphe pour chaque conducteur de poids lourds et de transport de personnes. On ne le sait pas toujours, mais ces professionnels doivent impérativement s’arrêter régulièrement. Qu’en est-il pour les conducteurs particuliers ? Si la réglementation est très stricte pour les uns, on n’observe aucune véritable obligation pour les autres. On apprend ainsi, selon une étude de l’ASFA (1), que 47% des conducteurs ont déjà souffert de somnolence au volant, et que 28% d’entre eux se sont déjà trouvés en situation de somnolence sévère nécessitant un arrêt rapide et obligatoire. 11% des sondés ont réussi à éviter l’accident alors que presque 6% n’y sont pas parvenu. Des chiffres dramatiques, qui pourraient sûrement être diminués…
 
Pour l’instant la sécurité routière n’en est qu’au stade des préconisations :  s’arrêter régulièrement (20 minutes toutes les deux heures), prendre le volant une fois bien reposé et de préférer une collation légère avant de prendre la route. Pour autant, les chiffres parlent d’eux-mêmes, et obligent le réseau routier à s’adapter. En complément des recommandations et des solutions légales qui accompagnent conducteurs professionnels et particuliers, apparaissent régulièrement des réponses techniques. Parmi elle, notons l’installation progressive de bandes sonores anti-somnolence en surépaisseur sur la bande d’arrêt d’urgence. Ces bandes provoquent des vibrations et du bruit dans le véhicule qui les franchit par inadvertance. Le conducteur est ainsi alerté d’un changement de trajectoire et reprend le contrôle de sa voiture : une installation qui appelle à la vigilance et surtout à une pause. Mais c’est bien du côté des technologies embarquées à bord des véhicules que les pistes sont les plus prometteuses : interactives, connectées et préventives, elles pourraient représenter l’avenir de la sécurité routière.
 
L’innovation pour lutter contre la somnolence au volant
 
Les voitures haut de gamme intègrent déjà un certain nombre de dispositifs de sécurité actifs (freinage piloté, détection du franchissement de ligne, caméra infrarouge…) qui promettent de faire singulièrement baisser la mortalité sur les routes. Mais ces technologies mettront logiquement quelques années avant de se démocratiser vers les modèles de voitures grand public. En attendant, parce que la sécurité ne peut pas être l’apanage des véhicules de luxe, certaines start-ups fourmillent d’idées pour améliorer et sécuriser le quotidien au volant. Toucango, une start-up française, a ainsi lancé un outil intelligent à positionner dans sa voiture face au conducteur. Ce dispositif est équipé de la technologie de la reconnaissance faciale, et analyse en continu le visage de celui qui a pris le volant. Le dispositif émet des signaux sonores lorsque l’algorithme embarqué perçoit un signe de fatigue ou encore un manque de concentration visible. Dans le cas d’une utilisation professionnelle, comme pour les flottes de poids lourds, le dispositif permet aussi l’alerte des services gestionnaires et la géolocalisation du véhicule concerné.
 
Plus disruptive et première mondiale en la matière, la start-up française Ellcie-Healthy apporte une réponse pédagogique et responsabilisante pour tous les conducteurs. En développant un modèle de lunettes connectées baptisées PrudenSee, Philippe Peyrard (fondateur de la start-up niçoise) entend agir sur les habitudes mêmes de conduite. Ellcie-Healthy est accompagnée sur ce projet par les 1200 magasins Optic 2000, distributeur exclusif des lunettes PrudenSee. Optic 2000 s’est engagé depuis années en faveur de la sécurité routière, notamment via l’organisation chaque année du Tour Auto Optic 2000. Yves Guénin, secrétaire général du Groupe, entend d’ailleurs prolonger l’aventure : « d’autres projets sont en cours d’élaboration [et que le Groupe va] continuer sur ce segment en collaboration avec Ellcie-Healthy ».
 
Labellisées OFG (Origine France Garantie), ces lunettes connectées, mélange de « Prudence » et « See » (voir en anglais) ont reçu le prix de l’innovation remis par la Sécurité Routière en 2018. Munie d’une quinzaine de capteurs, la monture surveille l’état du conducteur tout au long de son trajet. Avec des détecteurs UV et infrarouge, un gyroscope, un thermomètre, un capteur d’humidité ou encore un accéléromètre, les lunettes PrudenSee repèrent les premiers signes d’endormissement en analysant l’environnement du véhicule mais également le comportement du conducteur. Mouvements des paupières, écarquillement des yeux, bâillements ou micro-chutes de tête : autant de signes précurseurs d’endormissement que le dispositif détecte grâce à l’intelligence artificielle. En cas de danger réel, les lunettes émettent un signal sonore ainsi qu’une lumière qui maintiendra en éveil le conducteur jusqu’à ce qu’il s’arrête. Connectée à une application disponible aussi bien sur Apple Store que sur Android, le dispositif permet aussi d’enregistrer les distances parcourues, les temps de trajets ainsi que les vitesses retenues. L’application permet aussi de prévenir une tierce personne présente dans l’habitacle, aussi bien un co-conducteur pour des professionnels que le passager d’une voiture particulière. L’application peut encore indiquer l’aire de repos la plus proche, ou la proximité du véhicule avec un hôtel ou un restaurant.
 
Dans ce contexte, la somnolence au volant n’apparaît plus comme une fatalité. Si une prise de conscience générale est nécessaire sur ce sujet, moins connu par exemple que l’alcool, nombre d’outils innovants sont d’ores et déjà disponibles pour lutter contre la somnolence au volant et améliorer la sécurité routière. Une bonne nouvelle pour tous les conducteurs !
 
(1) https://www.autoroutes.fr/FCKeditor/UserFiles/File/Publications/ASFA_-_Somnolence_p-p2.pdf