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Haro sur Photoshop


Lundi 16 Juin 2014





À force de voir placardées sur le mur des villes, des affiches montrant des femmes au corps parfait, c’est bien normal qu’une petite angoisse nous étreigne. C’est principalement de la faute de Photoshop qui recadre, retouche, gomme tous les défauts. Résultat, la distorsion entre ce qui est montré et la réalité est énorme. Heureusement, des voix s’élèvent contre ce diktat.


Haro sur Photoshop
Ces jours-ci, il y a la campagne de lingerie Triumph qui fait du bien. Même, elle nous réconcilie avec nous-mêmes : de vraies femmes posent en sous-vêtements et s’affichent sur papier glacé, des sages-femmes, des maîtresses d’école, des commerciales… De belles femmes qui ne sont pas mannequins pour autant, mais qui pourraient être notre voisine de palier ou notre pharmacienne. Ça rassure, dans un monde où publicités et marques mettent en avant des corps de femmes parfaits… dans lesquels, 91% d’entre nous ne s’identifient pas.

L’étude qui vient d’être menée par le cabinet Opinion Way pour Slendertone, et dont le Figaro Madame livre les résultats, est formelle : si 42% des femmes sondées ne se reconnaissent pas dans les images que l’on fait passer, c’est pour une raison très simple : pour elles, ces femmes nickel chrome de la tête aux pieds sont irréelles. In real life, elles n’existent tout simplement pas, en tout cas, pas sous cette forme.
 
À force de voir s’afficher en 4 x 3, des filles sublimes, le doute s’immisce dans nos esprits. Le matraquage est tel, qu’on a tendance à oublier qu’un corps normal comporte des défauts. Résultat, les femmes sont encore plus complexées, par leur ventre, leurs fesses, leurs cuisses, leurs seins. Parce qu’il faut bien le dire, dans la vie de tous les jours, nous sommes comme nous sommes, et il n’est pas possible d’utiliser Photoshop pour corriger ce qui ne va pas ! À la base, même si les filles qui posent en bikini sont canons, les retouches, incontournables, offrent à voir des corps d’une autre dimension, à tous les sens du terme.
 
Résultat, l’apparence parfaite est une sorte de graal. Celles qui n’y accèdent pas, se considèrent comme impuissantes ou flemmardes. L’industrie cosmétique par exemple, nous désigne tout ce qui existe pour gommer des défauts. C'est sans compter les coachs sportifs, les régimes, la chirurgie esthétique, les injections. Et tout ça semble dire : si on n’est pas top, c’est de notre faute. Ben zut alors. Culpabilisant en plus.

Heureusement, des initiatives s’élèvent contre Photoshop et sa dictature du zéro défaut, le grand mensonge, les corps truqués. Ainsi, le site My Body Gallery recense pas loin de 25 000 photos de filles normales, «rangées» par âge, taille et poids. Une façon de se réconcilier avec son propre corps, de décomplexer, d’arrêter de fantasmer sur ces affiches XXL qui ne renvoient pas forcément la meilleure image de nous-mêmes. Dans le même registre, des internautes postent des clichés «avant-après» retouches. La révolution du corps naturel est t-elle en marche, contre le diktat de Photoshop ? On l'espère. Soyons-nous mêmes.

Haro sur Photoshop