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L’Etat providence français impuissant face à l’appauvrissement des jeunes


Clarisse Rosius
Lundi 7 Septembre 2020





Dans une tribune publiée par "Le Monde" un spécialiste des politiques publiques destinées aux jeunes souligne les spécificités françaises.


Creative Commons - Pixabay
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Les jeunes s’appauvrissent et ne sont toujours pas concernés par les aides sociales. « La crise économique de 2007, puis celle engendrée par la situation sanitaire due au Covid-19, ont progressivement dégradé les conditions de vie des jeunes. Ceux-ci représentent donc la partie de la population la plus touchée par la pauvreté. Pourtant, ils sont exclus du dispositif principal de lutte contre la pauvreté, à savoir le revenu de solidarité active (RSA). Paradoxe » écrit Tom Chevallier, notamment auteur de « La jeunesse dans tous ses États » (PUF).
 
Dans la tribune publiée par Le Monde, ce spécialiste des questions politiques publiques pour les jeunes rappelle que le RSA s’applique à partir de 25 ans : « Dans la plupart des pays, quand on devient adulte civilement (majorité civile) et politiquement (droit de vote), on le devient aussi socialement. Pas en France. Plusieurs raisons peuvent rendre compte de cette exception. Tout d’abord, la tradition familialiste française : on considère que c’est d’abord à la famille de prendre en charge ses « grands enfants », et c’est la raison pour laquelle les jeunes représentent un angle mort de l’Etat-providence françaisCe qui reporte la charge des difficultés sociales des jeunes sur les familles – renforçant d’autant l’importance des origines sociales et par conséquent les inégalités entre jeunes – et laisse à l’abandon ceux qui sont sans famille ou dont la famille n’a pas les ressources suffisantes pour les aider. »
 
Si l’argumentaire du spécialiste tient la route, elle exclut cependant de mettre dans la balance les milliards d’euros de subventions des établissements de formation dans le supérieur. Mais aussi les spécificités des statuts personnels et familiaux qui vont avec l’âge. Et concernant la tentation à 20 ans de ne pas travailler si l’on reçoit chaque mois un solde, Tom Chevallier la balaie du revers de la main : « Ensuite, la critique d’un éventuel « assistanat » est récurrente dans le débat public : s’ils recevaient le RSA, les jeunes se reposeraient sur ce revenu, sans chercher d’emploi. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’allocation d’insertion en faveur des jeunes primo entrants sur le marché du travail fut supprimée en 1992, et que le « RSA jeunes », créé en 2009, établit des conditions trop restrictives et déconnectées des conditions de travail des jeunes en en limitant l’accès à ceux qui ont travaillé deux ans sur les trois dernières années. »