Speedy Life
Les Sorties

« Le Monde » pas emballé par la fonction en caméra caché de François Damiens


Clarisse Rosius
Mercredi 30 Mai 2018





« Mon Tek » est le premier film de François Damiens. En immergeant un scénario cohérent dans une succession de caméras cachés pour obtenir des acteurs malgré eux, il prend un risque que la critique reçoit avec un enthousiasme variable.


DR affiche
DR affiche
François Damiens c’est l’as de la caméra caché avec des scènes mémorables. Capable de camper des personnages extraordinairement lourdingues, on lui doit des fous rires et des répliques culte. C’est aussi le passage réussi au cinéma avec des rôles assez variés depuis la comédie jusqu’à la tragédie. Son passage derrière la caméra est à son image, un mélange étonnant des différents moments de sa carrière. « A 45 ans, le voici qui passe derrière la caméra pour un projet presque aussi saugrenu et déroutant que les personnages qu’il interprète. L’idée consiste à allier une trame de fiction à un tournage constitué de caméras cachées. Soit, d’une part, un petit groupe de comédiens entourant l’acteur pour les besoins du récit et de sa continuité, et, d’autre part, de purs inconnus jouant sans le savoir dans le film au détour de tel ou tel piège dûment concerté » résume Le Monde .

L’idée est séduisante et Damiens la défend bien en expliquant qu’avec ce subterfuge et l’expérience de son équipe en caméra cachée, il peut mettre en scène de vraies réactions de personnes qui ne savent pas qu’il s’agit d’un film. Une bonne expérience donc, dont on est curieux de voir si le résultat est vraiment un film ou plutôt une succession de séquences avec des transitions. Le Monde qui a vu le film répond avec une certaine sévérité. « Il en ressort un film qui a un peu le siège entre deux chaises. Des sketchs parfois drôles mais moins réussis que ceux des caméras cachées ordinaires car ne s’offrant pas le luxe de la durée. Un argument fictionnel qui ne prend pas une seconde, faute de personnages, d’enjeux et de situations un tant soit peu crédibles, pour ne rien dire de l’exigence romanesque. Enfin, une sorte de gêne à voir ainsi coagulés deux registres aussi incompatibles que la révélation sournoise des travers ridicules de son prochain et le désir d’obtenir, avec son consentement, quelque chose qui touche à sa vérité. De sorte que, au mieux, on qualifiera le film de geste dadaïste, au pire d’insolite fiasco. »