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Location de vacances : l'enjeu


Vendredi 17 Juillet 2015





Pour beaucoup, les vacances sont synonymes de location (de vacances, donc). Une recherche qui commence tôt dans l’année, comme si aujourd’hui, le choix de l’appartement ou de la maison était devenu un ultime enjeu.


Location de vacances : l'enjeu
Chalet vosgien, finca espagnole, bergerie grecque, grotte troglodyte… À part pour quelques purs et durs, dans le monde qui est le notre, bien fléché, le seul risque que l’on prend en vacances, est souvent en amont, le choix de la loc estivale. Et en aval, le choc de la déception ou la joie de la bonne surprise. Pour beaucoup, voilà aujourd’hui à quoi se résument le suspens et les aventures en vacances. On ne se moque pas. En effet le phénomène des locations saisonnières prend de plus en plus d’ampleur, notamment via des sites comme l’incontournable Airbnb, la plateforme de location de particuliers à particuliers. Pour se faire une idée, la France est le second marché d’Airbnb. On peut aussi citer Homelidays ou Abritel, plus traditionnels. Airbnb ayant un petit plus branchouille.

Dans tous les cas, louer une maison pour les vacances est considéré aujourd’hui comme un saut dans l’inconnu, un genre de frisson même s’il peut virer à la catastrophe. Quitte ou double en somme, même si au final, il n’y a pas mort d’homme. Le monde serait-il plein de personnes blasées ?  « C’est la dernière aventure qui nous reste, le seul moment un peu excitant des congés. Aujourd’hui, tout est balisé, prémâché. Là, au moins, il y a encore du suspense, de l’inconnu » explique un jeune cadre à Elle. Si pour certains, cela paraît fou, c’est pourtant une réalité pour beaucoup. Un vrai courant. Pour preuve, le million d’offres que propose Airbnb et sa capitalisation à 17, 7 milliards d’euros.
 
Dans la pratique, louer une maison de vacances, cela ne s’improvise pas. C’est même devenu une nouvelle façon de consommer. C’est ce qu’on appelle le « prévoyage ». Ainsi, il faut faire appel à ses forces vives dès le début de l’année : « aujourd’hui, les vacances commencent très tôt, dès la phase de préparation en ligne », précise à Elle, Laure Fallou, membre de l’ObSoCo, Observatoire société et consommation. Concrètement, on s’y met au mois de janvier. Pour les plus accrocs, la recherche oscille entre obsessions et fantasmes. Cet infini des possibles est symptomatique de notre époque : « De nos jours, les gens acceptent mal d’être enfermés dans une seule trajectoire, dans un seul couple, dans un seul domicile. Ils sont tentés sans cesse par de nouvelles expériences », analyse le psychanalyste Serge Hefez, rapporte Elle.
 
Si cette idée d’expériences multiples contredit un peu le côté casanier de la maison de vacances en loc, le suspense est réel : il ne s’agit pas de se planter. Ce qui peut arriver, malgré de nombreux outils numériques, parmi lesquels GoogleEarth, qui peut toujours aider à repérer la pépite… Pépite ou bouge, la question que cela pose, c’est finalement l’enjeu et l’implication qu’on y met. Car on ne parle pas de signer pour toute la vie. On parle d’une location temporaire, le temps des vacances quoi. Le sujet le voici : « la maison renvoie à nos fantasmes les plus profonds. Pour certains, il s’agit de retrouver la demeure protectrice de leur enfance. Pour d’autres, de trouver celle qui affirmera leur réussite et leur statut social. Un accroc, et c’est toute notre vision de nous-mêmes, notre idéal du moi qui s’effondre », explique à Elle, Michel Lejoyeux, psychiatre et auteur de Réveillez vos désirs, (Plon). Statut social. C’est dit. On n’a pas intérêt à se planter !