Speedy Life
Culture(s)

Nostradamus un génie oublié


Ambroise Trochu
Lundi 24 Juin 2019





Près de cinq siècles plus tard, certains voient encore les prédictions de l’apothicaire française se réaliser. Mais cet homme en avance sur son temps était-il un simple génie ou un véritable prophète ?


Nostradamus un génie oublié
Michel de Nostredame, connu sous le nom de Nostradamus, naît le 14 décembre 1503 à Salon de Crau, actuelle ville de Saint-Rémy-de-Provence. C’est la région du sud de la France qui berce son enfance et tout comme son père il passe sa vie entre les villes d’Aix et d’Avignon. Doté d’une mémoire formidable, le génie se révèle alors même que le jeune Michel quitte à peine le collège d’Avignon. Son grand-père maternel lui apporte l’instruction, il étudie les lettres humaines, mais se découvre également un goût prononcé pour les sciences célestes ainsi que pour les sciences naturelles et l’anatomie.

Les premières victoires contre la maladie

Diplômé docteur à l’âge de vingt-six ans à son retour de voyage dans les villes de Bordeaux, Narbonne et Toulouse, son envie constante de découvrir la science le pousse à continuer ses voyages. Il poursuit donc sa route vers l’Italie et la Sicile où il approfondira ses connaissances en pharmacie. De retour en France, il s’installe entre les quatre villes de Marseille, Arles, Aix et Avignon dans une campagne reculée afin de répondre au déficit de médecins dans la région. C’est alors une succession d’exploits que le jeune médecin accomplit dans la ville d’Aix en soignant la peste qui ravageait la ville. Sa réputation dans le monde médical faite, il est appelé par la ville de Lyon pour soigner un cas de peste. Ses recherches ne sont pas concluantes malgré le temps qu’il y consacre et ce n’est que peu après, soutenu par les citoyens de la ville, qu’il trouve l’antidote pour anéantir le fléau. Malgré le retentissement populaire de sa réussite il ne reste aujourd’hui aucune preuve qu’il ait exercé à Lyon. D’après les historiens, ce serait là l’œuvre de médecins jaloux qui se seraient assurés que l’on ne retrouve aucune trace de la réussite de Nostredame.

Apparition des prophéties et relations royales

Durant ces années de pratique, il cultive un intérêt grandissant pour l’astrologie et construit son premier observatoire sur le toit de sa maison à Salon-de-Provence. Son goût pour l’étude des astres est connu et il se fait bientôt appeler médecin-astrophile dans des documents officiels. A l’occasion du passage de Charles IX et de sa mère Catherine de Médicis il s’attire les faveurs de cette dernière, mais les mêmes médecins réticents à ses méthodes répandent le bruit que Nostradamus guérit ses patients à l’aide de la magie. Le fils de Nostradamus attestera qu’un groupe de fanatiques persécute le médecin et l’accuse également d’être hérétique suite à des rumeurs sur ses pratiques magiques.

Nostradamus commence alors à consigner dans son œuvre Centuries ces fameuses prophéties dont on dit qu’un grand nombre d’entre elles se sont réalisées par la suite. Il privilégie un langage obscur ce qui a pour effet de multiplier les interprétations possibles et ainsi les rendre plus véridiques. Ses prophéties se répandent partout, jusqu’aux oreilles du roi, qui demande à rencontrer son auteur. Ainsi, en juillet 1556, il entre au service du roi en tant que médecin personnel et reçoit un appui financier pour poursuivre ses recherches. Il prédira l’infertilité des trois jeunes princes après avoir observé leur père. Il crée un lien entre astrologie et anatomie ce qui fait de lui un des précurseurs de l’astrologie que l’on connaît aujourd’hui. Nostradamus explique ces prophéties par l’application d’une série de procédés divinatoires combinant l’étude de l’Histoire et le mouvement des planètes. Il s’inspire d’œuvres comme Eau d’oracle de Didymes, la Bible ou encore d’ouvrages datant de l’Antiquité.

L’impressionnant réalisme des prophéties

Nostradamus écrit des quatrains remarquablement célèbres pour leurs précisions au point qu’on lui attribue des pouvoirs prophétiques surnaturels. Par exemple, au mois d’août 1529, Charles-Quint entreprend une expédition navale, de l’Espagne vers l’Italie, avec une flotte et dix mille hommes. L’astrologue avait apparemment anticipé cet événement puisqu’il avait écrit auparavant :« Quand les colonnes de bois, Grande tremblée (les mâts) ,D’Auster conduicte, couverte de rubriche (la bannière espagnole),Tant vuidera dehors grande assemblée (l’armée),Trembler Vienne et le pays d’Autriche. »(Centuries, I, 82)

De même quelque trente ans plus tard, au cours d’un tournoi le roi Henri II est frappé à l’œil par une lance qui transperce son casque. Il mourra des suites de sa blessure le 10 juillet 1559. De nouveau, mais avec bien plus de détails le médecin l’avait prédit : « Le lyon jeune le vieux surmontera, En champ bellique par singulier duelle, Dans cage d’or les yeux luy crevera, Deux classes une, puis mourir, mort cruelle. » (Centuries, I, 35). « Le lyon jeune » était le roi qui était confronté à un adversaire d’un âge bien supérieur,le comte Gabriel de Montgomery désigné par le  « vieux surmontera. »

Il prédit des évènements des plus tragiques comme la mort du roi ou encore l’incendie dramatique de Londres de septembre 1666. Cet incident tristement célèbre ravagea les trois quarts de la capitale britannique :« Le sang des justes à Londres fera faute, Brûlé par l’allumage de vingt-trois des six : La vieille dame tombera de son haut lieu, (cathédrale de St Paul), Plusieurs de la même secte seront occis. » (Centurie, II, 51) « trois des six » correspond aux chiffres de l’année 1666 et « la vieille dame » fait référence à la cathédrale St Paul qui tombera dans la nuit de l’incendie.
 
Aujourd’hui encore, certains croient voir des prophéties de Nostradamus s’accomplir. Plusieurs quatrains ont même été relus à la lumière de l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Quoiqu’il en soit Nostradamus ayant fait des prédictions allant jusqu’au troisième millénaire, l’astrologue du Moyen Âge n’a pas fini de susciter fantasmes et intrigue.