Speedy Life
Les Sorties

Ocean’s 8, mettre des actrices à la place des acteurs ne suffit pas


Clarisse Rosius
Jeudi 14 Juin 2018





Présenté comme une version féministe des films de braquage avec un casting de haut-vol, Ocean’s 8 ne tient pas ses promesses. En n’essayant même pas de réinventer le genre, le film finit par donner raison à ceux qui n’y voyait qu’un film bête qui pense que remplacer des hommes par des femmes sert à quelque chose.


DR affiche du film
DR affiche du film
C’est l’histoire du casse du siècle. Pour faire le casse du siècle il faut monter une équipe avec des membres qui ont chacun une spécialité. Sauf que cette fois, dans l’équipe il n’y aura que des femmes. Sur un post-it on vient de résumer ce que le film Ocean’8 a accompli, poussant la bêtise jusqu’à essayer de nous faire croire qu’il s’agit d’un film féministe. En embauchant Sandra Bullock, Cate Blanchett, Rihanna et Anne Hathaway, l’annonce du film donnait pourtant envie. Avec des talents d’actrices variés mais des épaisseurs indéniables, elles pouvaient porter un film original qui casse vraiment les codes des films. Il n’en est finalement rien et c’est un énième film au scénario déjà vu cent fois.

C’est d’autant plus ridicule que c’est l’archétype de ce que Hollywood croit marketer à la perfection : des films consensuels mais quand même engagés. Expliquant que c’est un film avec des actrices qui ne se mettent pas à poil ni en scène pour plaire à un public de bœufs, les producteurs pensaient en avoir fait assez. Ils auraient peut-être pu penser qu’au contraire, en faisant avec dix années de décalage une version avec des filles de films déjà vu, il allait donner raison aux plus méfiants. « A trop se gargariser de servir une version féminine de la saga, Gary Ross semble ainsi croire que la portée féministe du film adviendra d’elle-même et qu’il suffit de filmer Rihanna en train de pianoter énergiquement sur son ordinateur portable et Sandra Bullock dévaliser le rayon beauté d’un magasin pour nous faire croire à des personnages féminins aussi culottés et roublards que leur ­version masculine » attaque Le Monde. Ce que les Inrocks résume assez bien « en espérant que la bataille pour la féminisation de l’entertainment se trouve très vite un porte-étendard moins mollasse. »