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Pourquoi plus les femmes travaillent, plus la fécondité est élevée


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Mardi 24 Septembre 2013





Les démographes de l'Institut national d'études démographiques (Ined) sont arrivés à une conclusion plutôt intrigante : pour une fécondité élevée, les femmes doivent travailler. Leur démonstration est présentée dans une étude sur les liens entre naissances et progrès économique dans les pays riches intitulée « La fécondité remonte dans les pays de l'OCDE : est-ce dû au progrès économique ? ».


Pourquoi plus les femmes travaillent, plus la fécondité est élevée
Le constat par les chiffres

Les chiffres en disent long, c’est le cas de le dire. Les démographes Angela Luci et Olivier Thévenon constatent que la fécondité a beaucoup diminué dans tous les pays de l'OCDE entre 1960 et 2008 jusqu'à atteindre un niveau inférieur au seuil de changement des générations, qui est de 2,1 enfants par femme. Cependant, ils remarquent qu'après un net recul jusqu'en 1995, la fécondité reprend progressivement du poil de la bête dans une majorité de pays qui ne connaissent ni récession ni dépression économique.
Dans les pays de l'OCDE, si en 1995 elle est de 1,69 enfant par femme, en 2008 elle est de 1,71 et en 2010, de 2,01. Ce retournement de tendance est caractéristique de l’Espagne, de la France, de la Belgique, du Royaume-Uni et de l’Irlande. L’Allemagne est en marge de cette évolution puisqu’en 2006, son taux de fécondité était de 1,3, largement en deçà de celui de la France.


Lien entre richesse et fécondité

Durant la seconde moitié du XXe siècle, la fécondité a fortement reculé dans les pays industrialisés, alors que la croissance économique battait son plein et que les femmes étaient de plus en plus nombreuses sur le marché de l’emploi. Les démographes ont alors imputé la faiblesse du taux de fécondité au travail de la femme et c’est dans une étude en 2011 que les chercheurs ont analysé de façon plus approfondie les relations entre le taux de fécondité et la création de richesse.

Ils ont alors constaté une hausse de la fécondité qui va de pair avec la progression du niveau économique, et ce, lorsque le PIB par tête atteint 30.000 dollars. Mais les pays scandinaves, anglo-saxons et la France échappent à la tendance, leur taux de fécondité étant plus élevé par rapport à leur PIB. Pour les démographes, le PIB par tête ne permet donc pas d’expliquer les écarts de fécondité entre pays.


Lien entre activité professionnelle de la femme et fécondité

Dans beaucoup de pays riches, la remontée de la fécondité accompagne une augmentation du taux d'emploi des femmes. D’où la possibilité pour elles, d’équilibrer vie professionnelle et vie familiale. Lorsqu’un pays est à l’aube de son développement économique, les femmes diffèrent leur maternité pour se concentrer sur leurs études, d’où une baisse du taux de natalité.

Une fois dans le monde professionnel, elles apportent un revenu supplémentaire au ménage et peuvent de ce fait supporter le surcoût induit par l'arrivée d'un enfant. L’étude souligne également l’influence de la politique familiale de l’État (congés de naissance, multiplication des services de garde, allocations familiales...). La disette budgétaire actuelle impose cependant un choix : doit-on augmenter les allocations familiales avec pour conséquence de voir les femmes déserter les bureaux, ou encourager l'activité économique de ces dernières ?