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Rendez-leur leurs bureaux !


Mercredi 8 Avril 2015





Dans son blog hébergé par L’Express, « Le blog de Jacques Attali », l’économiste fustige la disparition dans les entreprises, du bureau fixe au détriment de postes de travail permutables.


Rendez-leur leurs bureaux !
« Les sièges sociaux deviennent des sortes d’hôtel de passage où les collaborateurs, incités à travailler de chez eux, ou de chez leurs clients, ne viennent que quand ils ne peuvent vraiment pas faire autrement. » Voilà ce qu’écrit Jaques Attali dans son blog. Le ton est donné. Et la question préoccupe l’économiste : « De plus en plus d’entreprises se targuent aujourd’hui d’être parvenues à la pointe de la modernité en n’affectant plus un bureau fixe à leurs collaborateurs, qui doivent désormais se contenter d’un poste de travail provisoire. » La tendance irait donc dans le sens de la disparition progressive des bureaux individuels au sein des open spaces, remplacés par des postes de travail temporaires, interchangeables, non nominatifs. Mais pour Jacques Attali, loin d’être un progrès, ces nouvelles habitudes jouent contre les salariés, et donc contre l’entreprise.
 
Pour l’ex-conseiller d'État, cette dématérialisation du travail nie ce qui fait justement le propre de l’entreprise, les notions d’appartenance, d’appropriation et d'identité, induites par le bureau fixe. Pour lui, sans bureau, le salarié « n’est plus qu’un mercenaire de passage, un travailleur intermittent. » Pas loin de prendre la porte en somme. Aujourd’hui, avec les nouvelles technologies, la multiplication des réunions et des rendez-vous à l’extérieur, l’employé devient un genre d’employé volant, nomade, de moins en moins ancré. Au premier abord, économiquement, l’entreprise, y gagne car elle a besoin de moins de place. En second lieu, fait remarquer Jacques Attali, elle s’y retrouve aussi car « on licencie plus facilement quelqu'un qui n'a pas de bureau que quelqu'un qui peut s'accrocher à quelques mètres carrés bien à lui. »
 
Pourtant, cette évolution est perverse. Et dans la durée, la vraie perdante est l’entreprise pour qui finalement, cela devient un casse-tête de rassembler ses collaborateurs. Plus grave, pointe l’économiste : « le groupe se défait ; l’entreprise y perd en identité ce qu’elle croit y gagner en flexibilité. » Pour lui, l’entreprise nomade est le reflet de notre propre société, elle aussi de plus en plus délitée et précaire, « où la loyauté au groupe s'efface devant la solitude de l'individu. » Ce manque d’assise justement, on le retrouve « dans la vie privée comme dans la vie professionnelle et politique. » Pour l’économiste, la disparition de cette sédentarité représente un vrai danger, celui de l’effondrement de la société. Pas moins. Alors, rendez-leur leurs bureaux ?

Rendez-leur leurs bureaux !




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