Speedy Life
Tendances

Silence, on vit


Mercredi 28 Mai 2014





Silent disco party, casques obligatoires, dîners du silence… Dans notre monde survolté et bruyant, il semblerait que le silence soit une valeur en hausse. Dans ce sens, des concepts naissent ça et là. On n’est pas à un paradoxe prés.


Silence, on vit
Il y a eu et il y a encore les dîners dans le noir complet, qui paraît-il, angoissent les femmes. Plus étrange, une des tendances du moment, pour quelques fans de concepts, une niche, aimerait-on imaginer, de CSP+ au bout du rouleau, toujours preneurs de nouvelles idées, est le silence. Mais pas le silence seul chez soi, le silence social. Et là, il y a de quoi se mettre un casque sur la tête pour ne pas entendre de quoi il s’agit !
 
Les Silent disco parties, par exemple, sont en vogue chez les bobos urbains. Ou comment danser en silence, au milieu de la foule, un casque d'écoute sur la tête. Les Daft Punk sont passés par là, mais les Daft Punk chantent avec décibels à la clé. On peut se demander comment entretenir le lien social dans un tel contexte, et avec de telles habitudes : se coller un casque High-Tech sur les oreilles dès qu’on est dans un lieu public, ou les transports en commun ? Ça freine inévitablement le contact avec l’autre. Antisocial chantait Trust dans les années 80. En 2014, on se rend à une Silent disco party, à des concerts Enjoy the Silence, et très sérieusement, le carré VIP dans les clubs pourrait être remplacé par le carré silence… 

Si on peut être sensible, voir allergique au bruit, comment faire la différence entre le besoin d’en finir, et une nouvelle posture branchée ? Ceci étant dit, ce n’est peut-être pas encore la paix des ménages, mais la paix des voisins. Fini le temps, où le gars d’en dessous vous envoyait la BAC dès 22 heures. Après, il ne faut pas oublier son casque parce que sinon, on est mort, et puis il y a toujours ceux qui sautillent sur le parquet...

Pas de bruit semble aujourd'hui, l’incarnation d’une certaine sagesse toute slow, refuser le vacarme engendré par nos sociétés à 300 à l’heure. Le goût pour le silence, représente donc, un vrai phénomène qui se nourrit d’objets high-tech ou d’applications plus sophistiqués les uns que les autres. Noise Tube par exemple, est une application sur smartphone qui quantifie le degré de bruit à un endroit donné. Ainsi, on peut immédiatement transmettre les données à la communauté dont on fait partie… Ouf, on appartient encore à quelque chose.

Les nouvelles technologies se mettent donc au service du silence. Les innovations comme les initiatives ne manquent pas. Le dispositif Sono par exemple, encore au stade du prototype, devrait permettre de filtrer la pollution sonore extérieure, en diffusant des contre bruits. On peut aussi citer les voitures iDzen du TGV, sensées être calmes et zen comme son nom l’indique, ou les silence rooms, sorte de chambres insonorisées aux bruits du monde extérieur, en l’occurrence le brouhaha du grand magasin Selfridges à Londres, dans lequel elles ont été installées…

Convivialité, sociabilité ? Autant dire que ce règne du silence au milieu du bruit environnant a quelque chose d’inquiétant. Comme une forme ultime d’individualisme, ou la manifestation d’un burn-out tout proche... Dans ce cas, mieux vaut partir quelques jours se mettre au vert à la campagne. Bien sûr, il y a toujours le chant du coq, et celui des oiseaux. Mais on peut toujours emporter son casque.