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Taxis contre VTC : interdire la géolocalisation, une solution rétrograde


Lundi 12 Mai 2014





Non non ne riez pas, c'est très sérieux ! Dans la guerre qui oppose les taxis aux VTC (et non l'inverse), une solution "miracle" semble avoir été trouvée par le député PS en charge de pondre un rapport sur le secteur du transport de personnes. Tout simplement interdire aux VTC (les véhicules de tourisme avec chauffeur) d'utiliser la géolocalisation par GPS, fonctionnalité et service qu'ils ont créé, et qui a permis leur essort.


Ceux qui ont imaginé que l'interdiction de la géolocalisation pour les VTC pouvait être une solution à la grogne des taxis n'ont tout simplement pas de culture, de mémoire, ou les deux. Car ce genre de règles administratives à des fins de régulation ressemble à s'y méprendre à la lutte des canuts contre les métiers à tisser, à la guerre des voitures à cheval contre les locomotives à vapeur, et plus récemment, à la lutte des éditeurs contre le photocopillage, et des majors du disque et du cinéma contre le téléchargement (illégal). Quand une nouvelle technologie émerge, et révolutionne un métier, un secteur d'activité, il est normal pour les tenants de l'ancienne école de vouloir freiner le progrès, le changement, pour conserver leur position le plus longtemps possible. Mais à la fin, le progrès, le changement, s'impose inéluctablement. 

Les canuts et les voitures à cheval ont perdu, car c'était le sens de l'Histoire. Le photocopillage n'a pas tué le livre ou les journaux, ni non plus, du moins pas encore, Internet. Et la musique et le cinéma se portent bien : il y a eu des morts, il y a eu de nouvelles naissances, sur de nouveaux modèles, "c'est tout".

Que les taxis se plaignent de la concurrence des VTC est de bonne guerre, mais ils se trompent d'ennemi. L'ennemi, c'est l'Etat ! En instaurant un numerus clausus et un système de licences payantes, les fameuses plaques, qui se négociaient voici peu encore jusqu'à 250 000 euros à Paris, l'Etat pensait réguler une activité dans l'intérêt des consommateurs et des taxis. Or, personne n'est content. Il y a cinq fois moins de taxis en circulation à Paris qu'à Londres, preuve s'il en est de l'ineptie de la régulation. Une des solutions proposées et écartées consistait à rembourser progressivement les licences des taxis. Mais la facture d'une telle opération aurait atteint près d'un milliard d'euros et aurait dû être acquittée, une fois de plus, par le contribuable, même celui qui ne prend pas de taxis...

Non, la solution consiste bien entendu dans l'adoption la plus large possible des solutions de géolocalisation, pour tous les véhicules assurant du transport de personnes. Mais pas seulement la géolocalisation : il faut aussi rendre systématique l'emploi des applications de calcul d'itinéraire prenant en compte les bouchons, pour les contourner. Plusieurs études affirment que si seulement 10 % des véhicules en circulation, lors de congestions du trafic, suivaient les itinéraires alternatifs proposés par les applications et les GPS connectés, le temps de trajet de l'ensemble des véhicules en mouvement serait amélioré de 10 à 15%. Ensuite, qu'une taxe spéciale frappe les VTC, pour venir compenser le manque à gagner (théorique) des taxis, pourquoi pas : Tout le monde l'ignore, mais les radios et les télévisions sont soumises à une taxe sur leur chiffre d'affaires publicitaire au bénéfice des journaux à faibles revenus publicitaire justement... Ce serait une usine à gaz de plus, mais au moins, la mesure pourrait se parer des habits de la justice...