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Tendances managériales : Il existe des solutions entre le télétravail et la présence obligatoire au bureau


La Rédaction
Lundi 25 Mai 2020






En ces temps d’épidémie, où l’open space fait peur, le télétravail devient un nouveau standard. Mais ses inconvénients avérés poussent les entreprises à chercher de nouvelles solutions pour éviter que les collaborateurs n’aient à prendre les transports en commun. Une solution intermédiaire encore peu usitée semble pourtant être une solution d’avenir pour les grandes entreprises : disposer de plateaux de bureaux répartis autour des grandes métropoles pour éviter des temps de transport faramineux et privilégier le bien être des collaborateurs dans des espaces propices pour travailler. Explications et analyses. 

Après le déconfinement, le télétravail reste la norme partout où il est possible, en particulier en Ile-de-France. L’objectif est d’empêcher à tout prix l’épidémie de repartir tout en relançant progressivement l’économie, en évitant au maximum les regroupements de personnes dans les entreprises et dans les transports en commun.
 
Le protocole à respecter pour toutes les entreprises qui veulent accueillir des salariés, publié par le ministère du Travail, est ainsi particulièrement contraignant : outre l’incitation à la poursuite du télétravail, il préconise la mise en place d’horaires décalés, impose un espace minimum de 4 m2 par salarié, ainsi qu’une gestion des flux et des sens de circulation pour éviter les croisements... Et si cette obligation de moyens n’était pas respectée, la responsabilité des dirigeants d’entreprises pourrait potentiellement être engagée.
 
Dans le quartier d’affaires de La Défense, 98,5 % des cadres, en télétravail ou en chômage partiel, se sont tenus éloignés de leur bureau pendant le confinement, selon le quotidien économique Les Echos. Alors que le déconfinement s’engage, ils sont peu nombreux à reprendre le chemin du bureau. L’établissement public de Paris-La Défense prévoit le retour de 10 % à 15 % de salariés en mai, de 25 % en juin, de 30 % en juillet-août et de 70 % en septembre. Chez EDF, par exemple, « le télétravail généralisé est maintenu avec, sous conditions, la possibilité de retour sur site encadré  ». Pour Suez, « la limite du taux d’occupation pour le siège est fixée à 20 % des effectifs » et 10 % des salariés sont attendus lors de la première semaine de reprise. Chez Total, 20 % des effectifs sont attendus à court terme, avec un retour « très progressif ». Idem chez Vinci ou encore Carrefour.

Le télétravail montre ses limites

Mais le télétravail généralisé commence déjà à montrer ses limites. Le concept n’est pourtant pas neuf. Par exemple dès 2014, Yves Martrenchar le DRH de BNP signait des accords avec les syndicats. C’est sa généralisation qui peut poser des problèmes.
 
Etienne, salarié d’une grande entreprise dont le siège est à La Défense résumait bien les difficultés de la généralisation du travail à la maison : « le télétravail, ils sont bien gentils de vouloir nous le vendre pour économiser des mètres carrés mais ce n’est pas l’idéal. J’ai deux jeunes enfants dans un 70 m2 à Versailles et vous pouvez imaginer mes journées. Je suis dérangé sans arrêt. Je passe mon temps en réunion sur mon petit écran dans le salon car la réunionnite ne s’est pas arrêtée. Entre cri d’enfants, problèmes techniques et enfermement entre ma chambre à coucher et mon salon, je fini épuisé à la fin de la journée. Et puis travailler, c’est aussi une ambiance d’équipe, l’adhésion à un projet. En revanche, les transports en commun ne me manquent pas. Ok pour du télétravail mais pas plus d’une journée par semaine. » En fait, le télétravail permet surtout d’éviter des trajets longs et fastidieux. Ce, d’autant plus qu’en cette période, prendre le RER, le métro ou le train relève du parcours d’obstacles.
 
 

Quelles alternatives entre open space et télétravail ?
 
Entre l’open space qui apparaît désormais comme un danger et le télétravail qui ne peut être généralisé sur le long terme, des temps de transport problématiques dans les grandes métropoles, les dirigeants d’entreprise peuvent avoir l’impression d’être coincés. Il existe pourtant des alternatives...
 
Pour Véronique Bédague, PDG de Nexity Immobilier d’Entreprise, « le luxe est de pouvoir choisir  ». Elle mise pour l’avenir sur 20 % d’espaces partagés mais surtout sur le travail nomade, avec un accès à plusieurs types de lieux pour plusieurs types d’usages. Une « hybridation des lieux de travail », mixant avec souplesse espaces de travail et espaces de vie.
 
Une alternative intéressante pour éviter des temps de transport importants et garantir un vrai confort de travail consiste à louer de petites surfaces de bureaux de 200 à 300 m2 autour des grandes métropoles, afin d’héberger des collaborateurs habitant à moins de 10 km, dans des bureaux de passage individuels. Pour un coût au mètre carré modéré, les entreprises peuvent ainsi maintenir la motivation grâce à un environnement de travail qualitatif et protégé, mais ménageant aussi, dans des conditions contrôlées, des rencontres entre collègues.
 
Elodie François-Muller directrice d’une société spécialisée dans ce type d’offre, le Groupe LF Immobilier  nous confiait « La solution des petits plateaux à proximité des grandes villes de banlieue est intéressante pour les grandes entreprises : Pas cher pour elles et un vrai plus pour les salariés. Nous sommes sollicités en ce moment par plusieurs grands groupes. Clairement, ceux-ci se rendent compte qu’offrir un bureau qualitatif (C’est la clé) à proximité du lieu de résidence est un réel avantage pour les collaborateurs. Par exemple, à 5 mn de Versailles nous avons des plateaux qui viennent d’être refaits permettant aux salariés de l’ouest parisien d’éviter de prendre des transports en commun surchargés ou de faire face à de gros embouteillages. Ce n’est pas pour autant que ces collaborateurs ne vont plus à leur bureau où qu’ils ne font pas de télétravail. Ils choisissent entre le télétravail, aller au siège ou disposer d’un lieu de travail qualitatif à côté de chez eux. Un vrai luxe en termes de qualité de vie d’avoir le choix entre 3 solutions. L’avenir est probablement à la modularité. »
 
A cet égard un grand groupe du CAC 40 est d'ors et déjà en train d’étudier la location d’une 10e de plateaux de bureaux réparti sur toute la région parisienne pour offrir ce plus de pouvoir se rendre dans un lieu de travail à moins de 10 minutes de son domicile. Point supplémentaire, et non des moindres, limiter les déplacements de ses collaborateurs c’est bon pour la planète.